Le coup d’envoi du volet gastronomique de la 26e édition de Montréal en Lumière est officiellement lancé ! Du 20 février au 9 mars, les Bonnes Tables Air France, qui regroupent cette année une soixantaine d’établissements phares à travers la ville, célèbreront les femmes de la gastronomie d’ici et d’ailleurs.
Cheffes étoilées, vigneronnes, sommelières et autres sommités des quatre coins du monde (et du Québec!) convergeront vers Montréal pendant cette grande fête de la gastronomie, en compagnie de chefs et cheffes locaux qui les recevront dans leurs restaurants. Au total, plus de 70% des invité.e.s cette année sont des femmes!
« Bon an, mal an, le pourcentage de femmes parmi les invités tourne autour de 15% », indique Julie Martel, la responsable du volet gastronomique de Montréal en Lumière. « Alors on s’est dit provoquons la thématique et demandons aux Bonnes Tables Air France d’inviter des femmes chefs », poursuit-elle. Si Mme Martel appréhendait quelque peu la réaction des restaurants hôtes, la réponse fut toutefois très positive. « Finalement tout le monde a été super ouvert et a embarqué ! », se réjouit-elle.
C’est la deuxième fois que l’événement fait ainsi la place aux femmes dans sa programmation culinaire. En 2011, Montréal en Lumière avait reçu comme présidente d’honneur la célèbre cheffe Anne-Sophie Pic, la femme la plus étoilée au Guide Michelin.
Cette année, la programmation fait plutôt place à la relève, avec des étoiles montantes venues d’un peu partout. Du nombre, Maya Sittisuntorn de Marble NYC (chez Ratafia les 20 et 21 février), Martine Bauer de Vinoteca Pompette et Bar Pompette à Toronto (aussi chez Ratafia le 9 mars et au Bar Georges les 27-28 février), ou encore Stéphanie Audet (21-22 février chez Annette), une Québécoise qui s’est exilée à Lisbonne pour y ouvrir son restaurant, Senhor Uva. D’ailleurs, plusieurs talents locaux seront aussi de la partie, dont Marie-Fleur St-Pierre, de passage chez Victoire le 2 mars, la cheffe Émeline Péro des Botanistes à Québec, qui sera l’invitée du restaurant Monème les 27-28 février et le 1er mars, la cheffe pâtissière Gabrielle Rivard Hiller (au Butterblume le 21 février) et Dima Adra (alias Mama Ghannouj), les 6-7 mars chez Panacée.
« Je trouve que le volet local est tout aussi impressionnant. Imaginez un journaliste américain qui vient ici. On a vraiment un beau portrait de la gastronomie québécoise ! », souligne Julie Martel.
Plusieurs vigneronnes de renom seront aussi de la partie. Ici encore, on aura droit à plusieurs gros noms, notamment Marthe Henry, jeune star du Meursault qui sera de passage chez Menu Extra le 6-7-8 mars (complet), Juliette Joblot qui présentera les vins du domaine familial chez Hoogan et Beaufort le 25 février et chez Annette le 26, ou la vigneronne québécoise Geneviève Thisdel, les 5-6-7-8 mars chez Bonheur d’occasion.
De grandes pointures
Véronique Dalle, propriétaire du restaurant Foxy dans Griffintown, salue d’emblée le dynamisme du volet culinaire de Montréal en Lumière cette année. « Il y a tellement d’invitées extraordinaires! C’est une jeune génération de cheffes que je ne connaissais pas, je trouve ça extrêmement stimulant », dit-elle.
Le 28 février (complet), elle recevra deux « grandes pointures » chez Foxy : la vigneronne sicilienne Arianna Occhipinti, dite « la reine du frappato » (un cépage endémique de la Sicile), et la cheffe Daniela Soto-Innes, qui infusera les saveurs de son Mexique natal dans un menu presque 100% local – à l’exception des fourmis (!), nous indique la sommelière.
Première Mexicaine et plus jeune cheffe à recevoir le prix de la Meilleure Cheffe Féminine au Monde, Daniela Soto-Innes a fait sa marque au restaurant Cosme à New York, qui s’est hissé au top du classement américain du World’s 50 Best Restaurants sous sa direction en 2019. L’adresse sœur du restaurant, Atla, a été élue Restaurant de l’année par Time Out peu après. De retour au Mexique, l’inspirante jeune cheffe vient tout juste de dévoiler son nouveau projet, le restaurant Rubra, ouvert en décembre dernier, où elle offre une lecture moderne de la gastronomie mexicaine.
« Si on m’avait demandé avec qui je voudrais me retrouver sur une île déserte, ces deux femmes auraient été en tête de liste », s’exclame Véronique Dalle. « Ce sont deux femmes hyper inspirantes dans leur démarche. »
Du côté de Mon Lapin, l’équipe a décidé de se faire plaisir. « On aime beaucoup faire des lunchs quand on en a l’occasion. On fait deux services du midi (les 8-9 mars, complet) avec Isabel Galiñanes García, qu’on a rencontrée à l’Auberge de Chassignolles quand on est allés avec Marco [Marc-Olivier Frappier, co-chef et copropriétaire]. Elle est jeune, elle est magnifique, elle a plein de projets. C’est vraiment l’fun de la voir aller ! », nous confie la sommelière Vanya Filipovic, copropriétaire du restaurant. « La vigneronne Athénaïs de Béru sera aussi sur place pour partager des vins exceptionnels. Ça fait partie de son “World Tour” pour souligner ses vingt ans à la tête du vignoble Château de Béru », ajoute-t-elle.
L’équipe de Mon Lapin vient tout juste d’ouvrir un nouveau restaurant, la Rôtisserie La Lune. Là, on nous offre plutôt une rencontre avec deux couples d’étoiles de la scène locale, le 1er mars : Catherine Bélanger et Frédéric Simon de Pinard & Filles et Alexandra Roy et Charles Provencher-Proulx du restaurant Melba, à Québec. « Ça va vraiment être chouette », promet Vanya. « C’est la première fois que Melba fait un événement avec un autre restaurant. On a un lien privilégié avec eux parce que notre chef de cuisine, Charles-Eric Boutet, et notre chef pâtissier, Raphaël Pineault, y ont déjà travaillé. »
Au Violon, on retrouvera aussi deux femmes en tête d’affiche les 22 et 23 février (complet) : la cheffe de cuisine Sara Raspa y retrouvera la cheffe italienne Sarah Cicolini du restaurant Santo Palato à Rome (en couverture), chez qui elle a eu la chance de travailler en 2019. Pour la jeune cheffe, qui roule sa bosse en cuisine avec Danny Smiles depuis l’époque du Bremner, c’est une belle reconnaissance de se retrouver ainsi à l’avant-scène avec l’une de ses mentors.
« Je suis tellement heureuse de faire ça avec elle », confie Sara. « Lorsque j’ai quitté le Bremner, j’ai pris un aller-simple pour l’Italie. Danny m’a mis en contact avec quelques chefs là-bas et ça a vraiment cliqué avec Sarah Cicolini. J’ai adoré travailler avec elle. Si ce n’avait été de la pandémie, je serais probablement restée en Italie. »
Vers la parité dans la programmation?
Est-ce qu’on peut s’attendre à davantage de talents féminins lors des prochaines éditions de Montréal en Lumière? « J’aimerais avoir une parité. Garder ça à l’œil, toujours le rappeler », confirme Julie Martel de Montréal en Lumière. « On a l’embarras du choix de talents féminins en gastronomie et dans le monde du vin, et même parmi les restauratrices, même si ces femmes ne sont pas toujours autant mises de l’avant. »
Vanya Filipovic abonde dans le même sens : « Très sincèrement, je pense que la morale de l’histoire, c’est qu’on célèbre des gens qui sont au sommet de leur art. Le talent de ces cheffes et vigneronnes est largement comparable à celui de leur contrepartie masculine », estime-elle. « Au Québec, j’ai l’impression qu’on est très progressistes en termes d’équité de genre et de célébration des femmes en gastronomie, que ce soit en cuisine ou dans le vin. Ouvrir ainsi les portes à des cheffes internationales, je pense que ça va vraiment être positif et inspirant pour ces femmes-là aussi », conclut la sommelière.
Consultez notre carte interactive des Bonnes Tables Air France et le site de Montréal en Lumière pour connaître tous les détails de la programmation gourmande.
Bon festival!
Écrit par Mikael Lebleu
Photographié par Courtoisie Montreal en Lumière
