L’Apiculture au fil du temps : que devient-elle aujourd’hui ?

L'Apiculture

L’Apiculture au fil du temps : que devient-elle aujourd’hui ? 

L’apiculture est une pratique non seulement vieille comme le monde, mais aussi très complexe et elle le devient de plus en plus. Dans l’imaginaire collectif, on imagine un apiculteur vêtu de blanc qui possède quelques ruches dans son jardin, un apiculteur qui récolte le miel de ses abeilles pour en faire profiter le village. Une idée bien romantique, certes, mais aussi une vision désuète du rôle des apiculteurs aujourd’hui dans un monde où la surconsommation est reine et où les projets à dimension humaine se font rares. L’apiculteur isolé est un concept qui, pour le meilleur et pour le pire, est en général dépassé.

On se rappelle tous avoir appris sur les bancs d’école ce qu’est la pollinisation et son rôle dans notre environnement, un processus sans lequel notre alimentation, voire notre environnement et notre survie, seraient bien différents. On nous apprenait aussi que le petit insecte principalement responsable de cette tâche était l’abeille, une leçon que nous avons de toute évidence laissée aux oubliettes. En réalité, 40 % des aliments que nous consommons sont produits grâce à la pollinisation. Autrefois, nous pouvions nous fier à la pollinisation naturelle, mais les choses changent. Avec une croissance grandissante et intensive du secteur agroalimentaire commercial, la pollinisation devient, elle aussi, plus intensive que jamais. Cette nouvelle pratique exerce une pression et un stress énorme sur les abeilles dont la survie est déjà très précaire.

Anicet Desrochers, apiculteur et propriétaire de Miels d’Anciet, est un vrai passionné et grand connaisseur du métier. Sensibiliser les Québécoises et les Québécois aux enjeux environnementaux et sociaux qui entourent la pollinisation commerciale, fait partie de sa mission. Ayant aussi fait des études en anthropologie, il s’est rapidement intéressé à l’histoire de l’apiculture et au rôle qu’elle a joué au fil du temps. Il nous fait voyager dans le temps pour comprendre l’évolution du métier.

Miel d'Anicet Wide
© Photo par Daphné Caron | @daph.nico pour Miels d’Anicet

Nous voilà 10 000 ans dans le passé, à l’ère des chasseurs-cueilleurs. Et oui, nos ancêtres ne faisaient pas que chasser du gibier et cueillir des baies, ils partaient aussi à la recherche des abeilles en quête de miel. « C’était comme des rockstars quand ils arrivaient au village », dit Anicet. On n’ose imaginer la bravoure de ces premiers apiculteurs qui récoltaient du miel sans instruments, ni équipement de protection sophistiqué. Cela dit, nos ancêtres savaient reconnaître la valeur du miel, un ingrédient qui, en soi, a ouvert tout un éventail de possibilités, notamment au niveau de l’alimentation. Ce n’est pas pour rien que beaucoup de desserts traditionnels à travers le monde sont préparés à base de miel.

« Le miel est un des ingrédients naturels avec le plus haut taux de concentration de sucre au monde, à l’exception de quelques fruits», explique Anicet. Bien sûr, cela ne prend pas en considération la culture de la canne à sucre qui, comme on le sait aujourd’hui, a changé drastiquement la manière dont on s’alimente. Ce n’est pas pour rien qu’en anglais on surnomme le sucre blanc white poison ; on est loin en effet d’y trouver les mêmes bienfaits que dans le miel.

Pendant des millénaires, l’apiculture se pratique sensiblement de la même manière ; un métier artisanal fait sans aucune mécanisation. Lors du 19ième siècle, l’apiculture connaît sa première vraie révolution, l’arrivée de la ruche moderne. Ce modèle devient en quelque sorte un compromis entre les colonies d’abeilles et l’apiculteur, un outil qui vise le respect de l’insecte tout en considérant les engagements économiques de l’apiculteur. Voilà une ruche constituée de hausses (des boîtes en bois) empilées les unes par-dessus les autres, conçues pour protéger les abeilles des intempéries et des prédateurs tout en leur laissant l’espace de se déplacer à l’intérieur. Une structure révolutionnaire qui a changé la manière dont l’apiculture se pratiquait. Si vous être curieux d’en connaître plus sur ses structures, trouvez plus d’informations sur le site de Miels d’Anicet.  

Quelques décennies plus tard, c’est la fin de la Deuxième Guerre mondiale qui coïncide avec le début d’une production alimentaire intensive à l’échelle mondiale, l’ère de la commercialisation et de la surconsommation. En autres mots, c’est le déclin des petits producteurs. Quasiment toutes les industries sont touchées et l’apiculture ne fait certainement pas exception ; en fait, elle est peut-être l’une des plus touchées bien que l’on n’en entende peu parler. « L’apiculture pour la production de miel n’existe presque plus, maintenant on l’associe vraiment au commercial», dit Anicet.

Pour répondre à la demande des consommateurs, il doit y avoir ce que l’on appelle de la pollinisation intensive. Pour illustrer ce phénomène, Anicet explique que des millions de ruches, voire des milliards d’abeilles, ont été déplacés dans la vallée de Sacramento en Californie en mars 2020, monopolisant pratiquement tous les apiculteurs aux États-Unis pour la pollinisation des amandiers. Ce genre d’opération exerce une grande pression sur les abeilles qui travaillent de manière intensive et sont déplacées de leur climat naturel vers un autre, deux facteurs rendant l’abeille encore plus fragile et menacée de disparition. À plus petite échelle, on peut observer cette pratique lorsqu’arrive la saison des bleuets au Saguenay.

Les apiculteurs se retrouvent donc au pied du mur, d’une part voulant préserver l’apiculture artisanale en symbiose avec la nature et de l’autre ne pouvant pas faire abstraction de la viabilité économique de leur pratique. « Il n’y a pas beaucoup de relève dans le domaine. De un, c’est un travail qui est très demandant physiquement et c’est un métier qui malheureusement n’est pas vraiment valorisé », souligne Anicet. Contrairement à l’ensemble du domaine agroalimentaire, l’apiculture n’a pas vécu une révolution mécanique, elle s’appuie donc encore beaucoup sur l’observation et l’interprétation.

Anicet pour ça part, se spécialise dans l’élevage de reines depuis plus de 20 ans à Ferme-Neuve dans les Hautes-Laurentides, un magnifique territoire indigène encore brut et sauvage. Ses reines sont certifiées biologiques, une grande fierté pour l’équipe de Miels d’Anciet. Ils travaillent d’arrache-pied pour assurer une relève d’abeilles résistantes aux pathogènes et aux pressions environnementales auxquelles elles font face. Anicet vend ses reines au Québec et dans tout le Canada, sa façon d’assurer la survie de l’espèce tout en pratiquant l’apiculture de manière éthique. De plus, Miels d’Anicet produit un des meilleurs miels au Québec, un reflet du terroir, ainsi que plusieurs produits dérivés, toujours dans l’optique de mettre de l’avant la richesse du miel et des abeilles. Miels d’Anicet possède même un restaurant saisonnier, Pollen & Nectars, fondé dans le but de promouvoir l’intégration du miel dans nos assiettes, chose qui s’est beaucoup améliorée dans les dernières années selon Anicet.

Grand voyageur, il a parcouru les quatre coins du monde pour aller à la rencontre d’autres hommes-abeilles comme lui qui partagent une passion profonde et un respect infini pour l’apiculture. Il raconte qu’il existe encore des apiculteurs qui pratiquent le métier comme le faisaient nos ancêtres, contrairement à ce que l’on voit aujourd’hui. « Je leur dis qu’ils doivent continuer à préserver la tradition, à l’enseigner à leurs enfants pour que la tradition puisse être perpétuée et qu’elle ne se perde pas », explique-t-il. Après tout, les apiculteurs sont des héros de l’ombre, gardiens des abeilles dont notre écosystème dépend grandement. 

Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur l’apiculture, visitez le site de Miels d’Anicet pour des informations pertinentes et passionnantes sur le métier et l’entreprise.

© Photo principale par Daphné Caron | @daph.nico pour Miels d’Anicet


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