Boulangerie Jolifeu: glorieux pains de Saint-Sauveur

Depuis que la boulangerie Jolifeu a ouvert ses portes en avril 2023, impossible de monter dans le Nord sans faire un petit arrêt à Saint-Sauveur pour faire le plein des magnifiques pains et des succulentes viennoiseries de Renaud Letellier et Mélanie Simard.

Mélanie et Renaud se sont rencontrés au Bouillon Bilk. «C’était un petit cuisinier gêné qui faisait son affaire. C’est moi qui l’ai cruisé», se remémore en riant Mélanie. C’est dans cette cuisine que Renaud a commencé à faire du pain et qu’il a eu la piqûre pour la boulangerie, passion qui s’est ensuite confirmée au Saint-Urbain (les proprios sont aussi derrière La Bête à Pain) et chez Hoogan et Beaufort, où il a découvert la cuisson des pains sur feu de bois.

C’est l’arrivée de leur fille Billie, en 2019, qui les a convaincus de quitter la ville pour les Laurentides, juste avant que la pandémie pousse tant d’autres ménages à en faire autant. Mélanie a fait ses adieux au Bouillon Bilk pour rejoindre la sympathique équipe de La Belle histoire, qui venait tout juste d’ouvrir à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson. Renaud a travaillé un temps comme chef à domicile, ce qui lui plaisait bien. Puis, évidemment, c’est la pandémie, et tout s’arrête.

Les jeunes parents se questionnaient sur leur avenir. «De quoi tu ne te tannerais jamais?», demande un jour Mélanie. «De faire du pain», lui répond-t-il tout de go. Du pain ce sera! Deux ans et des poussières plus tard, la boulangerie Jolifeu ouvrait ses portes, juste à temps pour le long weekend de Pâques.

Le goût de la farine

Ne vous étonnez pas si les pains de la boulangerie Jolifeu ont une teinte un peu plus foncée qu’ailleurs: non, ils ne sont pas brûlés, c’est exactement comme ça que Renaud les aime – et on ne peut qu’être d’accord avec lui, tellement ils sont savoureux et croustillants. «J’essaie de m’éloigner de ce qu’on retrouve ailleurs. J’aime qu’on goûte ce qui se trouve dans le pain, qu’on goûte la farine», explique-t-il.

Le choix des dîtes farines est ici primordial: la farine blanche (bio et non-blanchie, évidemment), qui sert de base à tous les pains et donne à la mie cette attrayante couleur jaune pâle, provient du Moulin des Cèdres, en Montérégie; celles d’épeautre et de seigle des Moulins de Promelles; la kamut du Moulin Lacoste, et ainsi de suite.

On ne s’étonnera pas de retrouver les délicieuses miches de Jolifeu sur les tables de plusieurs restaurants voisins, dont Baumier bar à vin, à quelques pas, qui fut leur premier client et que Renaud approvisionnait depuis sa propre cuisine avant même l’ouverture de la boulangerie. StoneHaven le Manoir, le Café Noök et le Café White et compagnie comptent aussi parmi les fidèles.

Quand la boulangerie rencontre la gastronomie

Si les pains valent le détour à eux seuls, les succulentes viennoiseries ont de quoi rendre complètement accro.

En effet, c’est là que le chef devenu boulanger exprime tout son talent, s’inspirant souvent des plats de son répertoire, qu’il revisite sous forme de viennoiseries : croissants salés aux pommes de terre, fromage et ‘nduja; chocolatines au tournesol pralinés; danoises à la compote de fraises, marmelade et pollen de fenouil; «escargots» (pas le mollusque, la brioche à pâte feuilletée!) au praliné de koji (des grains de rits inoculés avec des champignons microscopiques, qu’on fermente pour obtenir le miso ou le saké)… «J’y pense comme j’y pensais pour un plat en cuisine», confie Renaud. Dernièrement, il planche sur une série de viennoiseries qui ressemblent à des coquillages, style sfogliatella.

Mais de toutes les délicieuses offrandes dans le présentoir, ce sont sans aucun doute les croissants cubes qui captent le plus l’attention. Croustillants et parfaitement dorés à l’extérieur, dégoulinants à l’intérieur, ces petits cubes de bonheur, dont les garnitures changent toutes les deux semaines environ, s’envolent le temps de le dire. «Les gens les réservent avant qu’ils soient dans le four!», nous confirme Mélanie non sans fierté.

Si vous êtes plutôt friands de croissants nature ou de pains au chocolat tout ce qu’il y a de plus rustiques, rassurez-vous, ils sont aussi excellents! Ajoutez à cette offre déjà bien alléchante des focaccias garnies bien dodues, de jolis petits buns au levain et à la pomme de terre pendant la saison des barbecues, il y a chez Jolifeu tout ce qu’il faut pour combler les amateurs de gluten.

Bref, si vous n’êtes pas déjà convaincus, courrez à Saint-Sauveur goûter vous-même les merveilleuses création de Mélanie et Renaud. Mais méfiez-vous, vous risquez d’avoir envie d’y revenir.

Bonne découverte!

Écrit par Mikael Lebleu
Photographié par Mikael Lebleu

Dernière mise à jour : 5 septembre 2023

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