Daniel Pinard est mort. Vive Daniel Pinard !

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Pour la jeunesse actuelle, le nom de Daniel Pinard n’évoque pas grand-chose ou carrément rien. Ce qu’en disent les médias sociaux actuels qui survolent sa disparition à 82 ans manque l’essentiel : la chaleur de cet homme, sa grande culture, son engagement social et son sens très aigu de l’humour.

Pour la génération des parents ou des grands-parents d’aujourd’hui amateurs de cuisine, Daniel Pinard était une sorte de gourou souriant qui a amené nombre de personnes à se lancer sans complexe en cuisine. Animateur et chroniqueur, auteur de livres lumineux sur la cuisine, il a mis beaucoup de vie à la télévision québécoise avec sa façon très particulière de parler de recettes, de cuisine en général.

Anticonformiste certes, mais aussi très proche des gens, des gens ordinaires, de ceux pour qui la cuisine semblait être une sorte de chasse gardée, réservée à l’élite. Daniel désacralisait avec application et vulgarisait avec élégance (parsemant quelques sacres occasionnels bien sentis). C’est cette démocratisation de la cuisine qui lui a valu tant de fans. Les gens aimaient son franc-parler, sa gouaille et sa grande culture gastronomique. Certaines institutions le détestaient cordialement mais il semblait s’en moquer ou parfois s’en réjouir et il prenait toujours le parti des petits contre les grands.

Ses passages en solo à Télé-Québec avec ses émissions “Pinard” et “Les pieds dans les plats” étaient toujours des moments très courus par le public. Daniel y brillait par son esprit critique, son franc-parler et son humour. Plus tard à Radio-Canada, on retrouvait ses belles qualités dans son émission “C’est ça la vie”.

À Télé-Québec, Daniel a élargi son audience lorsqu’il a associé Josée di Stasio comme collaboratrice principale à ses interventions dans leur émission “Ciel, mon Pinard !” Le style parfois décapent du premier était adouci et enrichi par la douceur de la seconde. Deux experts valent toujours mieux qu’un et ces deux-là brillaient par leurs connaissances et leur savoir-faire.

Daniel Pinard a marqué l’imaginaire des plus grands chefs de Montréal et des gens de tous les jours! Il a amené un intérêt pour la traçabilité des produits et la bonhomie de l’art de la table et le plaisir de manger bien accompagné.

Martin Picard a écrit sur ses réseaux : « Au revoir, Monsieur Pinard. Je l’aimais beaucoup Daniel. Y’a donné vie à la cuisine. Il a inspiré les gens à cuisiner dans presque chacun des foyers québécois. Sans froufrou, sans flafla, juste pour le plaisir et l’amour de la chose. L’un des rares qui aura fait tomber le complexe d’infériorité que beaucoup avaient, à tort, en cuisine. Daniel avait cette simplicité et cette intelligence supérieure, il a démocratisé le lien entre la campagne et l’assiette… et il a su gagner beaucoup de cœurs. Daniel aura marqué le paysage culinaire québécois. Beaucoup de personnes du milieu sont tristes d’apprendre qu’il est parti. Et ça me touche aussi.  »

Le chef Chuck Hugues a écrit lui : « Avant de cuisiner professionnellement, avant de cuisiner à la télé, avant de cuisiner dans des livres … j’étais juste un gars qui aimait cuisiner. Comme plusieurs de mon âge, un des premiers qui m’a fait aimer cuisiner, c’était Daniel Pinard. Un OG qui a su décomplexer la cuisine et qui nous a fait aimer nos ingrédients. (Au) Ciel, mon Pinard. RIP. »

Josée Di Stasio, sa grande partenaire a écrit : «« Daniel. Je suis sonnée, je n’ai pas les mots. Le choc est à la mesure de ton importance dans ma vie. Le chagrin est à la hauteur de ta présence. Ton humour, ton savoir, ta sensibilité. Le vide que tu laisses. Je garderai toujours en moi, bien vivante, une part de toi. Merci ! »

François Chartier a inscrit lui : “L’impact de Monsieur Pinard sur le Québec moderne gastronomique se fait encore sentir aujourd’hui, et se fera sentir encore très longtemps. Il y a un avant et un après. Je lève mon verre (de pinard!) à la mémoire de se grand érudit, amoureux du verbe autant que du plaisir de partager la table.”

Sur une note plus personnelle, je garde dans mon cœur une place privilégiée pour Daniel et son amour immense pour les belles choses de la vie. Retentira encore longtemps dans ma mémoire, son rire éclatant et contagieux.

Tu seras toujours dans notre cœur notre Daniel ! Merci pour tout !


Photographié par Marco Campanozzi, pour La Presse

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