Réal Bossé revit sa jeunesse dans le Bas-Saint-Laurent

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Les visites de la tournée Mangeons local ont repris dans le Bas-Saint-Laurent avec Réal Bossé natif de la municipalité de Rivière-Bleue, à la croisée du Québec, des États-Unis et du Nouveau-Brunswick. Encore une fois, l’accueil et la passion des producteurs qui ont reçu l’ambassadeur de la région étaient au rendez-vous.

Réal s’est tout de suite senti chez lui; les visites l’ont ramené à son enfance, sur la ferme laitière familiale, avec ses jardins (grands comme un terrain de football), ses animaux et la grande charge de travail. « Parce que si on ne travaille pas, ça ne peut pas marcher », a-t-il souligné à quelques reprises dans la journée. Pour lui, manger local, c’est le gros bon sens. Depuis une quinzaine d’années, il a éliminé les kiwis, les oranges et les raisins de son alimentation. « Si le fruit ou le légume a voyagé plus que moi, c’est non ». Il prône l’autosuffisance, l’autonomie. 

On connaît surtout Réal pour ses rôles variés à la télévision et au théâtre, mais aussi pour sa longue carrière d’improvisateur dans la Ligue Nationale d’Improvisation (LNI).

Il a été accueilli à l’Érablière Nathalie Lemieux, à la Ferme P.A. Michaud et à la Ferme Régika, à la Bergerie Du Pont et à la Distillerie Fils du Royau cours de cette belle journée planifiée par la Fédération de l’UPA du Bas-Saint-Laurent, en collaboration avec Les Saveurs du Bas-Saint-Laurent.

Érablière Nathalie Lemieux

Le coup d’envoi a été donné à l’Érablière Nathalie Lemieux. Une belle histoire de famille a mené à son exploitation. L’hôtesse, Nathalie, a raconté avec beaucoup d’émotion comment ses parents, producteurs laitiers, lui avaient donné le goût de l’agriculture, mais surtout d’en vivre. Il y a une douzaine d’années, elle a décidé de lancer son propre projet en achetant l’érablière. Tout le monde est impliqué, son conjoint, ses parents, ses beaux-parents; tout le monde met la main à la pâte, même ses deux fils, Freddy 11 ans, « le meilleur helper » et Joey, 5 ans. Au fil du temps, elle est passée de 2000 à plus de 4000 entailles en louant un espace supplémentaire chez un voisin. Sa production monte à 768 gallons de sirop d’érable destinés à la transformation.

Pour elle, manger local veut aussi dire travailler avec les gens de la région. Le brunch de style cabane à sucre qu’elle avait préparé mettait donc en vedette treize producteurs locaux. Nous avons pu déguster du smoked meat de bœuf, des œufs fermiers, des pommes de terre, des fraises, de la fleur d’ail, des saucisses, pour ne nommer que ces produits-là qui provenaient de chez plusieurs voisins. Les assiettes débordaient d’odeurs et de saveurs locales, sans oublier le sirop d’érable de Nathalie.

Après le repas, la famille avait organisé une compétition amicale où Réal devait remplir des cornets de sucre d’érable le plus rapidement possible. Plus facile à dire qu’à faire, mais l’ambassadeur du Bas-Saint-Laurent s’en est plutôt bien tiré. Sa récompense pour avoir fourni tant d’efforts? La boîte de cornets! 

C’est le ventre bien plein que nous avons poursuivi la tournée vers la prochaine destination.

Réal Bossé Bas-Saint-Laurent UPA

Ferme P.A. Michaud et Ferme Régika

Prochain arrêt, chez la famille Michaud. La ferme familiale fut séparée en 1983 entre les deux frères, Gilles héritant de la ferme laitière et céréalière et Paul-André, de la culture de pommes de terre. Mais, si chacun était maître de son entreprise, les deux agriculteurs ont toujours eu une belle relation de proximité. Depuis 2012, Simon Michaud, fils de Gilles, et sa conjointe Mylène Bourque, ont repris les commandes de la ferme laitière et céréalière. Avec les améliorations qu’ils ont apportées depuis l’acquisition, la production a triplé. L’étable compte désormais une section réservée aux veaux pour les tenir bien au chaud après leur naissance. Simon et Mylène ont d’ailleurs remporté le prix Jeunes agriculteurs élites Canadaau niveau provincial et à la grandeur du pays en 2019. Et ils seront bientôt propriétaires de la ferme P.A. Michaud alors que Paul-André songe à la retraite.

Toute la famille était présente pour accueillir Réal et raconter leur histoire. Ils ont illustré à quel point la Ferme laitière Régika était un bel exemple de transfert de ferme.La passation de Gilles à son fils Simon a été pensée, planifiée, encadrée et suivie à la lettre. Selon eux, la planification est la clé du succès. Les étapes de la transition se sont échelonnées sur 11 ans, ce qui a permis d’éviter de mauvaises surprises. 

Réal s’est tout de suite senti à la maison en arrivant dans l’étable avec les vaches. Il fallait le voir cajoler les vaches et leur parler… Quand il était jeune, elles ont été ses premières spectatrices, nous confie-t-il. Il pratiquait, devant une « foule » de vaches, ses différents discours. 

Deux fermes voisines

En traversant vers la ferme de pommes de terre P.A. Michaud, on découvre, à l’avant de l’entrepôt, un kiosque de libre-service où on valorise un système d’honneurpour acheter des sacs de patates. La ferme produit annuellement 4,5 millions de livres de pommes de terre de différentes variétés.

Durant sa visite, Réal a eu droit à un cours sur les méthodes de bouture des pommes de terre : un travail demandant une grande minutie. Après avoir planté les boutures, il faut compter six ans avant de récolter les premières pommes de terre. Pour Paul-André l’automne est la plus belle des saisons: « parce que tu ramasses le fruit de ton travail ».

Et le « fruit du travail » attendait Réal à la fin de la visite : des frites et des croustilles bien dorées lui ont été servies, faites à même la grange. Une grange mythique, qui fut jadis un musée, remplie de plusieurs tracteurs, sièges de machinerie agricole et affiches qui datent des débuts de l’exploitation de la ferme. Une magnifique moto Indian datant des années 40 trônait à l’entrée, avec bras de vitesse et pédale d’embrayage: « J’en veux une! », s’est exclamé Réal en la voyant.

Gilles a mentionné que la cohabitation entre l’agriculture et le tourisme n’a pas toujours fait bon ménage à Kamouraska, mais que les choses ont beaucoup évolué, surtout depuis qu’on reconnaît que l’agriculture fait partie de l’écosystème de la municipalité. Pour finir la visite, Réal a relevé le défi lancé par Gilles de démarrer et de conduire un tracteur antique. 

Bergerie Du Pont

La journée s’est poursuivie à la Bergerie Du Pont de Gaston Dupont et Micheline Landry à Saint-Antonin. Gaston s’est installé dans son atelier de transformation pour raconter son histoire et nous faire goûter ses produits. Il y a près de 30 ans, Gaston a convaincu le propriétaire précédent de lui vendre la terre où il allait régulièrement se balader dans sa jeunesse. Son talent de fin orateur lui a permis de l’acquérir, mais au début, il ne savait pas encore ce qu’il allait en faire! Ayant opté pour la production ovine, il a ensuite dû apprendre le métier de A à Z, n’étant pas lui-même issu d’une famille de producteurs agricoles. 

Après avoir appris les bases, Gaston a pu franchir les différentes étapes pour démarrer: monter son troupeau et ériger des bâtiments. Il a toujours pris ses décisions pour faire évoluer son entreprise tout en évitant de la faire trop grandir. Pour lui, la liberté de faire ce qu’il veut, a toujours été très importante. Il aime opérer une ferme à petite échelle pour éviter les soucis financiers et pour permettre à son fils, toujours aux études, de prendre éventuellement la relève sans tracas.

Ici aussi, Réal a été mis au défi. Qui de lui ou dufils de Gaston allait donner à boire à l’agneau en premier? Bien pris qui croyait prendre, Réal avait retrouvé ses réflexes de jeunesse : il a attiré l’agneau doucement et lui a donné à boire presque instantanément. Il a relevé le défi avec brio!

Encore une fois, les au revoir se font le ventre plein, après avoir goûté les rillettes, les terrines, les saucisses et le bacon d’agneau, avec des promesses de revenir.

Distillerie Fils du Roy

C’est Jonathan Roy et Hélène Dumont qui ont accueilli Réal au dernier arrêt de la journée, à la distillerie Fils du Roy. Ils l’attendaient avec un cocktail maison dans le décor enchanteur de leurs champs à Saint-Arsène. Cette distillerie du Bas-Saint-Laurent a d’abord vu le jour au Nouveau-Brunswick. Jonathan a choisi d’ajouter un deuxième site à l’entreprise familiale au Québec, en 2015. 

La visite a commencé par un tour des jardins pour voir où les fines herbes servant à aromatiser les différents spiritueux poussent. Jonathan en a profité pour expliquer d’où venait son inspiration pour la création des mélanges d’herbes. Pour le gin Rocher Malin, qui vient d’ailleurs de remporter une médaille d’or au International Wine & Spirits Competition à Londres, a été inspiré du fleuve Saint-Laurent. C’est une dominante de livèche écossaise qui le compose, mais comme le distillateur a une préoccupation de conserver les rives du fleuve, ses aromates poussent dans les jardins. Au moment de produire le Rocher Malin, la livèche est arrosée d’eau saline pour ajouter un goût de sel au gin.

Bien installé dans le jardin, Réal a eu droit à une dégustation de produits inusités, fruit de la recherche et du développement des saveurs. Jonathan s’est amusé à lui faire deviner les produits distillés. Après quelques essais-erreurs, a dévoilé ses ingrédients : pour le premier, la carotte et le deuxième, la framboise.

À la distillerie, on essaie le plus possible de ne pas dévisager les paysages et on se préoccupe de la préservation de l’environnement: on évite la grosse machinerie, on réutilise l’eau d’osmose inversée pour arroser le jardin et on fait pousser des baies de genièvre au lieu de les cueillir sauvages. Jonathan n’était pas un agriculteur, il l’est devenu pour le plaisir de conduire un tracteur, dit-il à la blague!

En direction kiosque de dégustation, nous avons pu admirer les tracteurs dont un Cockshutt30de 1951, fabriqué au Canada. Le cadre est enchanteur, le kiosque vient tout juste d’ouvrir et offre un point de vue imprenable sur les champs. Réal a goûté cinq des neuf produits disponibles, tous avec leurs particularités: florales, herbacées, salines, rien n’est laissé au hasard et tout est en finesse. Chez Fils du Roy, on utilise quatre alambics de cuivre du Portugal qui produisent au final 200 litres de gin. Et la distillerie a la capacité de remplir 1500 bouteilles à l’heure. Quelques amis chanceux de Réal recevront certainement un souvenir de l’endroit, puisqu’il est passé par la boutique avant de quitter.

Une autre belle journée, bien remplie, s’est achevée sous un soleil couchant à l’horizon. Réal a terminé sa tournée en constatant qu’il ne revenait pas assez souvent dans son coin de pays et il a promis d’y remédier. Ses racines sont là, a-t-il rappelé. Il a aussi souligné l’importance du tissu social d’une région. Selon lui, les liens entre producteurs, restaurateurs et commerçants locaux sont essentiels. Il demeure convaincu que chaque région peut aspirer à plus d’autonomie, car le savoir, la générosité et la collaboration des gens d’une même communauté peuvent créer des choses exceptionnelles. Il a ajouté qu’il est incontournable de favoriser la créativité locale pour alimenter la région tout en permettant aux artisans de s’épanouir.

Une prochaine étape sera dévoilée sous peu. Suivez les rencontres des ambassadeurs avec les producteurs de toutes les régions du Québec !


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