Troisième reconfinement, ou comment tuer le moral des restaurateurs

3e reconfinement

L’annonce du retour en zone rouge et d’un troisième reconfinement dans cinq régions du Québec est tombée mercredi comme une bombe sur la tête des restaurateurs. Les gens qui ont donné le peu d’énergie qui reste, tout leur temps et le peu d’argent qu’ils ont afin de réembaucher des gens, racheter les aliments et rouvrir leurs salles à manger n’auront finalement pu faire leur travail que quelques semaines (!) Grand désespoir en ce premier avril enneigé. 

Jeff Pettigrew, des Sales Gosses (Québec), n’a pas tardé à décrier la situation sur les réseaux sociaux. Questionné à savoir ce qu’il pense de la situation actuelle, il ne cache pas son découragement : « Je trouvais que les réouvertures se faisaient un peu trop rapidement. Je ne m’attendais pas à ça. Ça a réouvert sans préavis, et là ça referme sans préavis. C’est la pire des choses. Il va falloir faire une autre réouverture … » Il va sans dire que chaque réouverture entraîne des coûts très élevés pour les restaurateurs, qui doivent regarnir leur inventaire, engager des employés, préparer des menus, sortir le portefeuille pour s’assurer que leur salle à manger soit conforme aux normes sanitaires … Les efforts déployés par ces derniers sont considérables, mais on leur manque de respect en leur coupant l’herbe sous les pieds. « On a été ouverts quatre soirs et ça a super bien été. J’étais un peu inquiet de la réouverture, j’ai trouvé ça très rapide, j’aurais attendu. C’est mieux d’attendre que de fermer et réouvrir sans arrêt ». La situation vécue par Jeff, des centaines d’autres restaurateurs la vivent actuellement. C’est un cauchemar qui revient sans cesse.

La confusion règne au gouvernement quant aux mesures à appliquer et l’on comprend mal que le discours de la santé publique puisse changer si soudainement. Jeff Pettigrew ne dénonce pas les mesures de confinement, mais la manière dont elles sont annoncées : « Je ne comprends pas pourquoi ils n’ont pas annoncé les fermetures avant-hier, à la première conférence. Ça sent l’improvisation. C’est encore nous et nos employés qui payons la note ». Et le manque de clarté sur les possibles scénarios laisse tout le milieu de l’hospitalité en total désespoir. 

Les restaurateurs se retrouvent les mains liées, sans aucune marge de manœuvre pour gérer leur inventaire et leur main d’œuvre. Les gens perdent leur emploi du jour au lendemain : « Les frigos sont pleins, on est pris avec tout ça. On doit se virer de bord et faire du take-out. Ce n’est pas ma passion, faire du take-out. Moi j’aime recevoir les gens et les faire tripper avec une expérience. En take-out, j’ai besoin d’un ou deux employés. En ce moment, on est douze. Il y a potentiellement dix personnes qui n’auront pas d’emploi et je ne sais pas si je vais les perdre à long terme ». Une honte juste avant Pâques. 

Les solutions ne sont pas légion, mais certaines choses se doivent d’être mieux faites par le gouvernement : « Nous laisser une semaine de préavis, un avertissement plus clair avant la fermeture, ce serait bien. C’est vraiment irrespectueux de se le faire annoncer comme ça. Si au moins on avait eu la fin de semaine pour passer une partie de notre inventaire, ça aurait été le fun ». Jeff souligne aussi le manque de transparence dans le discours du gouvernement : « Ils disent qu’on reconfine pour dix jours. On sait très bien que ça ne durera pas que dix jours. On n’est pas optimistes. C’est un autre mensonge. Quand tu regardes ailleurs (en Ontario par exemple), ils ferment pour trois ou quatre semaines. On sent vraiment pas qu’on se fait parler sérieusement ». 

Nadine Boudreau, du Butterblume, propose aux restaurateurs d’envoyer les factures et relevés de paye reliés aux réouvertures directement au bureau du Premier ministre afin qu’il comprenne le coût réel du jeu de chaises musicales auquel s’adonne le gouvernement.

Il n’y a pas de solutions optimales, mais plus de communication, de transparence dans cette crise effroyable, d’explications des différents scénarios à venir, plus d’aide concrète au niveau des subventions seraient un début.

On est de tout cœur avec les restaurateurs. On vous invite à commander MASSIVEMENT pour emporter pour la fin de semaine de Pâques afin de donner un coup de main. On a besoin plus que jamais de faire preuve de solidarité envers nos adresses locales. 

© Photo Les Sales Gosses


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