C’est officiel: le Guide Michelin arrive au Québec

C'est officiel: le Guide Michelin débarque au Québec

On en parlait en coulisses depuis un moment déjà, mais voilà, c’est officiel: les inspecteurs du Guide Michelin parcourent déjà les routes du Québec en quête de ses meilleurs tables, a annoncé jeudi l’Alliance de l’industrie touristique du Québec (AITQ).

Après Toronto et Vancouver, le Québec sera donc la troisième destination au Canada à figurer au célèbre guide, et la 12e en Amérique du Nord. Car c’est bien l’offre gastronomique de la province en entier qui sera scrutée à la loupe par les inspecteurs anonymes de Michelin. Une bonne nouvelle pour les Auberge Saint-Mathieu, Faux Bergers, Mathilde et Chez Saint-Pierre de ce monde, qui recevront peut-être eux aussi leur visite.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est tournée vers les médias sociaux pour célébrer la nouvelle, en compagnie de la responsable de la gastronomie au comité exécutif de la Ville, Ericka Alneus. « On a une bonne nouvelle pour Montréal, mais aussi pour le milieu de la gastronomie montréalaise : toute l’équipe du Guide Michelin s’en vient ici, au Québec, pour faire l’évaluation de plusieurs établissements », a-t-elle annoncé. « On le sait, à Montréal, on mange bien, on aime bien manger, et on a une grande diversité et une grande qualité en termes de chefs mais également en termes d’établissements », poursuit-elle.

« La chose que j’ai envie de vous dire, chers Montréalais et Montréalaises, c’est que c’est un gage de reconnaissance de tout notre savoir-faire en gastronomie qui est célébré par l’arrivée de l’équipe Michelin », a pour sa part souligné Mme Alneus.

Du côté de Québec, le maire Bruno Marchand a lui aussi publié une vidéo sur les médias sociaux pour souligner tout le travail qui a mené à cette annonce. « On a travaillé super fort pour que ça arrive, parce qu’on sait qu’on a une gastronomie particulière. On sait qu’on a des génies, des artisans, qui eux le souhaitaient. Alors ça va pouvoir mettre en lumière ce qu’ils font de bon. Ça va pouvoir attirer ici des gens justement pour notre gastronomie. Ça va être bon pour notre économie, ça va être bon pour le tourisme. Honnêtement, il n’y a que du bon. Nous en sommes très fiers », se réjouit-il.

Parce qu’en effet, n’obtient pas une mention au Guide Michelin qui veut. Selon le Journal de Montréal, c’est plus de 2.1 millions de dollars qui seront investis par divers organismes gouvernementaux pour attirer les inspecteurs du célèbre guide au Québec. Geneviève Cantin, présidente et directrice générale de l’AITQ, nous a confirmé que c’est le Guide Michelin qui a fait les premiers pas, en mai dernier. L’Alliance s’est par la suite entourée de plusieurs partenaires pour mener à bien le projet : Tourisme Montréal, Destination Québec cité, les villes de Montréal et Québec, la SDC Montréal centre-ville ainsi que Développement économique Canada pour les régions du Québec (DEC), qui a injecté 450 000$ dans l’initiative.

Avec cette annonce, l’Alliance espère attirer encore plus de touristes en provenance des États-Unis et de la France avec l’offre gourmande et gastronomique du Québec, l’un de ses principaux produits d’appels. « Ce sont deux marchés qui sont très friands des étoilés Michelin », souligne Mme Cantin.

Il faudra toutefois nous armer de patience avant de savoir quels restaurants recevront les grands honneurs, puisque les choix du prestigieux guide ne seront dévoilés qu’au printemps 2025.

Un accueil relativement positif de l’industrie

La venue du Guide Michelin au Québec avait suscité de vives discussions à la dernière assemblée de La Table Ronde, collectif pour l’essor de la gastronomique québécoise, qui rassemblait les acteurs de 168 établissements de la province en avril dernier. Par le passé, plusieurs chefs et restaurateurs, dont Normand Laprise du restaurant Toqué!, s’étaient opposés à l’idée. Finalement, la motion a été adoptée à 66% par les membres. « Ce signal nous a permis d’interpeler les partenaires clés, dont l’appui, incluant tous les paliers de gouvernement ainsi que les offices de tourisme et de développement économique, souligne l’importance de la gastronomie pour l’économie et le rayonnement du Québec et leur engagement à faire du Québec une destination gourmande incontournable », a déclaré Debbie Zakaib, directrice générale de La Table Ronde. L’Association Restauration Québec (ARQ) était elle aussi très favorable au projet, nous confirme Geneviève Cantin.

Le chef François-Emmanuel Nicol, copropriétaire du restaurant Tanière3 et du Groupe La Tanière, signait en mars dernier une lettre ouverte avec une quinzaine d’autres chefs de la Capitale pour plaider en faveur de la venue du Guide Michelin au Québec. Joint au téléphone, il s’est dit très heureux de la nouvelle. « Ça faisait pratiquement deux ans qu’on travaillait là-dessus. C’est l’accomplissement de tout ça », nous a-t-il confié. L’annonce vient évidemment avec un peu de fébrilité, mais le chef ne se met pas trop de pression, même s’il espère bien rafler une étoile, voire deux. « Depuis l’ouverture du restaurant, on vise des standards internationaux. Tous les jours, on travaille comme si les inspecteurs du Guide Michelin pouvaient être là. On ne changera pas notre façon de faire », poursuit-il.

Samy Benabed, chef et copropriétaire de l’Auberge Saint-Mathieu, en Mauricie, voit aussi d’un bon oeil l’arrivée des Michelin. « Je pense que c’est une bonne chose pour la gastronomie Québécoise », croit-il. « Ça va permettre un rayonnement international d’envergure et permettre aux établissements étoilés au Québec de se distinguer à l’international. » Toutefois, l’afflux de visiteurs étrangers risque de rendre l’accès à certaines tables plus difficile pour les locaux, craint-il : « Inévitablement, notre clientèle changera, l’accessibilité au restaurant ne sera plus la même. En tout sincérité, j’ai peur de perdre ce lien que j’ai avec notre clientèle actuelle, qui est une clientèle exceptionnelle, des gens qui découvrent la gastronomie et leur propre région à travers des beaux produits. »

Un processus impartial

De son côté, le Guide Michelin a célébré la nouvelle en lançant une vidéo montrant l’offre gourmande du Québec, produite en partenariat avec Bonjour Québec, le bras promotionnel de l’AITQ.


« La scène culinaire québécoise aussi riche que variée, avec des influences internationales, mais aussi des plats de la ferme à l’assiette qui font la part belle aux produits régionaux. La province abrite de grands chefs ainsi que de futurs talents qui imaginent pour leurs convives des expériences culinaires inédites en mariant tradition et techniques avant-gardistes », lit-on sur le site du guide.

Ne dérogeant pas à ses habitudes, le guide pourra décerner une, deux ou trois Étoiles, en plus du Bib Gourmand « qui met à l’honneur des établissements proposant une cuisine de grande qualité à prix modérés », de l’Étoile Verte (pour la gastronomie durable) ou d’une simple recommandation. L’impartialité des juges du Guide Michelin a souvent été remise en doute, vu les sommes importantes investies par les destinations choisies, mais l’Alliance nous assure que le processus restera impartial. « Il y a vraiment une muraille de Chine entre nous et les juges », soutient Geneviève Cantin.

Les inspecteurs anonymes évalueront donc les établissements visités en fonction des cinq « critères universels » du guide, « qui garantissent que chaque destination est évaluée de manière équitable », soit :

  1. la qualité des produits
  2. l’harmonie des saveurs
  3. la maîtrise des techniques
  4. la voix et la personnalité que le chef exprime dans sa cuisine
  5. la cohérence entre chaque visite et chaque plat de la carte (chaque établissement est inspecté plusieurs fois par an)

On souhaite bonne chance à tous les restaurants du Québec!


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