Nouvel arrêt : la Mauricie ! C’est ici que se poursuivait notre tournée dans le cadre du mouvement Mangeons local plus que jamais ! initié par l’Union des producteurs agricoles. Accompagnés du comédien et propriétaire-restaurateur Rémi-Pierre Paquin, lui-même originaire de Grand-Mère (aujourd’hui un arrondissement de Shawinigan), nous avons décidé d’explorer plus en profondeur les richesses gourmandes que recèle la Mauricie. Située sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, à mi-chemin entre Montréal et Québec, cette région compte près de 1 500 producteurs et productrices agricoles sur son territoire.
La Fédération de l’UPA de la Mauricie, en collaboration avec Le meilleur de l’industrie agroalimentaire de la Mauricie (MIAM), ont voulu faire découvrir à Rémi-Pierre Paquin quelques-uns des secrets de son terroir. Nous sommes donc partis à la rencontre de quatre producteurs agricoles de différentes municipalités de la Mauricie.
Ferme Éthier, Les fruits soleil
Anciennement producteurs de tabac, les propriétaires de la Ferme Éthier, Gaétane et Sylvain Éthier, ont effectué un virage à 180° au cours de la dernière décennie. Depuis que les compagnies de tabac ont décidé de se tourner vers le Brésil ou le Mexique pour leur approvisionnement en 2003, ils ont vu une opportunité de transformer leur ferme en une attraction familiale pour les gens de la région. « Le négatif du passé nous a amenés là », dit Sylvain.
Sylvain et Rémi-Pierre nous ont promenés en tracteur pour découvrir toutes les facettes de cette ferme. Aux premiers plants de fraises et au verger d’amélanchiers, s’est ajoutée, depuis 2005, la culture de bleuets, de camerises, de citrouilles, de courges et d’ail.
À l’approche d’un petit boisé, une belle surprise nous attendait : nous avons eu droit à une courte pièce de théâtre, organisée par la fille de Gaétane de Sylvain, bachelière en enseignement d’art dramatique. C’est dans cette forêt ludique, où l’on retrouve un pin de 200 ans (!) que la pièce s’est déroulée. Rémi-Pierre a aussi été invité à jouer un petit rôle dans cette œuvre.
De retour à la ferme, Gaétane nous a accueillis avec des fraises fraîches, une tarte aux fraises et du café. Rémi-Pierre n’a rien refusé, se délectant des produits faits maison et vendus à la ferme.
En se promenant dans la ferme de Gaétane et Sylvain, nous avons instantanément ressenti la sérénité qui s’en dégage. « On voulait créer un endroit pour que les familles qui y viennent puissent faire de l’auto-cueillette, passer du temps avec les enfants et faire des activités », explique Gaétane Beaumier. Une petite fermette accueillant des chèvres, un lama et même un âne a d’ailleurs été aménagée pour les enfants, et les grands ! Une aire de jeu pour les enfants agrémente aussi la zone familiale de la propriété.
À la fin de la visite, Rémi-Pierre a mentionné à quel point, pour lui, manger local devrait simplement être une évidence, parce que la fraîcheur confère aux aliments un meilleur goût. « Je me rappelle, quand j’étais petit, on avait un chalet à Shawinigan et quand je jouais dehors pis que j’avais faim, je ne rentrais pas à l’intérieur, je passais prendre une carotte dans le champ, je l’essuyais sur moi et je la mangeais. Puis je trouvais tellement qu’elle goûtait bon ! », a-t-il raconté.
Domaine & Vins Gélinas
À notre arrivée au Domaine Gélinas, nous avons eu l’impression d’entrer dans une réception de mariage. L’endroit champêtre regorgeait de fleurs, la terrasse était joliment décorée de petites lumières suspendues et de grandes tentes blanches.
Située à 30 minutes de Trois-Rivières, dans le petit village de Saint-Sévère, cette maison de vins existe depuis déjà 20 ans. Elle est née d’une passion commune de Serge et Frédéric Gélinas, père et fils. Serge Gélinas a toujours nourri le rêve de bâtir un vignoble. C’est en 2001, aidés par leurs familles et leurs amis, qu’ils ont établi le vignoble sur les terres ancestrales de la famille Gélinas. Aujourd’hui, la production viticole compte 45 000 vignes de 9 cépages différents.
Une fois à l’intérieur, nous avons goûté au Cavalier du Versant Blanc Réserve millésimé 2018 à même la barrique. Rémi-Pierre fut agréablement surpris des arômes de fumée qui se dégageaient de ce vin et de la rondeur en bouche. Nous avons vite remarqué que la cuverie comprenait également de nombreux barils de vieillissement pour le brandy, et même pour le vin. C’est qu’en plus de l’exploitation viticole, le Domaine est sur le point de se lancer dans la production de spiritueux à petite échelle. Frédéric Gélinas a fait l’acquisition d’un alambic pour la fabrication du gin et ses trois premières créations seront disponibles dès la fin juillet. « Pour les spiritueux, je veux que ça reste de la microdistillation. Mes barils de brandy sont en vieillissement de 6 mois à 1 an pour l’instant, mais je veux travailler à petite échelle, pour avoir du fun et être en contrôle de ma production », explique Frédéric.
Après une dégustation de vin, de cidre de glace et de porto faite par Serge, nous étions prêts à nous régaler sur la merveilleuse terrasse à l’avant du vignoble.
La beauté du vignoble est d’ailleurs une attraction en soi. Serge et Frédéric sont des passionnés et ce qu’ils aiment par-dessus tout, c’est de partager leur passion avec les visiteurs.
Ferme Apicole Mékinac
Depuis 1979, Denis Gauthier, propriétaire de la Ferme Apicole Mékinac, se passionne pour l’apiculture. Pour revenir à ses amours, après une carrière dans l’automobile, il a bâti ce qui devait, au départ, devenir un projet de retraite avec sa femme. La ferme ayant pris beaucoup d’expansion, leur fille, Geneviève, aussi apicultrice, s’en occupe également.
Nous avons eu le droit à un petit cours d’apiculture alors que Monsieur Gauthier nous a expliqué à quel point les abeilles sont travaillantes. Nous avons appris qu’elles ont un système hiérarchique et un sens de l’organisation hors du commun. La présentation de monsieur Gélinas fut tout simplement fascinante ! « Je me trouvais organisé comme gars, mais c’est rien comparé aux abeilles ! », a lancé Rémi-Pierre à la blague.
L’extraction du miel de chaque alvéole des ruches est effectuée par une force centrifuge. Annuellement, la ferme récolte quelque 14 tonnes de miel.
L’offre de pollinisation est le principal gagne-pain de la ferme. Les propriétaires déplacent leurs ruches partout au Québec au service de producteurs, principalement au lac Saint-Jean afin de favoriser la pollinisation des plants de bleuets, mais également dans les cannebergières. M. Gauthier nous a expliqué que 70 % de ce qui se retrouve dans nos assiettes provient du travail laborieux des insectes pollinisateurs.
La ferme produit sept variétés de miel. Du miel crémeux au miel brut, plusieurs sous-produits sont également offerts dont du pollen, de la gelée royale, des bonbons, des chandelles à la cire d’abeille et de la cire brute.
Pour clore la visite, Rémi-Pierre a eu la chance d’observer le travail des abeilles d’un peu plus près en compagnie de Geneviève. Une expérience unique qu’il avait bien hâte de vivre. Vêtu de son habit d’apiculteur, il a pu être entouré de plus de 45 000 abeilles. Il a eu beau chercher la reine, il s’est finalement avoué vaincu et s’en est remis à Geneviève pour la lui montrer.
Lapin de Saint-Tite
Notre dernière visite de la journée, et non la moindre, était au Lapin de Saint-Tite. Fondée en 2002 par Maxime Tessier, la ferme produit annuellement environ 40 000 lapins. Ils sont nourris naturellement, sans utilisation d’antibiotiques ou de médicaments. Maxime offre de la viande de qualité en ayant à cœur le bien-être de ses bêtes. Tout un système informatisé, contrôlé par ordinateur, permet à M. Tessier de s’occuper des différentes infrastructures de production comme la régulation de la climatisation en été, le chauffage en hiver, le temps de luminosité, etc.
Cette envie de se lancer dans la production de lapin est partie du désir de se démarquer. « Je cherchais quel secteur je pourrais exploiter. Le marché du porc et du bœuf était déjà pas mal saturé au Québec. C’est là que j’ai pensé au lapin, en me disant que ce serait un bon marché à exploiter. Je ne me doutais pas que ce serait autant de travail, mais j’adore ça et le bien-être de mes lapins est toujours mis de l’avant », a-t-il souligné.
En suivant les mesures strictes mises en place, Rémi-Pierre a pu visiter l’élevage de lapins et même en prendre un dans ses bras!
Après la visite des infrastructures, Maxime et sa famille nous ont invités dans leur cour afin de goûter aux produits transformés de la ferme. Rillettes, saucisses et ailes de lapin (oui, oui, vous avez bien lu !). Non, les lapins ne volent pas. L’aile de lapin provient de l’épaule et de la patte avant du lapin qui lui donne une ressemblance avec l’aile de poulet que l’on connaît. L’aile de lapin est évidemment plus grosse. D’ailleurs, Maxime Tessier a fait enregistrer ce nom et il est le seul au monde à pouvoir l’utiliser! « Mon objectif, c’est de prendre toutes les épaules de lapins lors de l’abattage, de les aromatiser et de les commercialiser sous le nom “aile de lapin” », a expliqué Maxime, un producteur agricole à la fibre entrepreneuriale évidente.
La Ferme du Tarieu est également venue nous rendre visite pour une belle séance de dégustation de bières en accompagnement du lapin. À la fois brasserie et distillerie, cette entreprise est située à Sainte-Anne-de-la-Pérade. Ils produisent sur la terre familiale les grains et les houblons nécessaires à la confection de leurs bières. Chaque bière est nommée en l’honneur des producteurs laitiers attirant les agriculteurs de partout au Québec s’identifiant aux produits de la microbrasserie. En plus, leur bière est utilisée dans l’une des marinades des fameuses ailes de lapin du Lapin de Saint-Tite.
La rencontre de l’autre
À la fin de la journée, Rémi-Pierre avait les yeux brillants et le ventre bien rempli des délices de la Mauricie, une région qu’il connaissait pourtant bien, mais qu’il a appris à découvrir sous d’autres angles. Le comédien a un chalet près de Shawinigan; c’est là qu’il reçoit ses amis, sa famille et qu’il passe du temps avec sa blonde. Il aura certainement l’occasion de faire d’autres découvertes gourmandes dans la région cet été!
« Je pense qu’il y a une sorte de gêne parfois, d’aller chez les agriculteurs, les producteurs. Puis une fois que cette glace-là est brisée, c’est juste du plaisir. On apprend à les connaître eux, mais aussi l’histoire derrière chaque produit qu’on met dans notre assiette. Aujourd’hui, c’est vraiment le fun parce que tous ces endroits qu’on a visités, je sais que je vais y retourner. Parfois, il suffit de prendre le temps, de s’arrêter et puis de dire bonjour », a-t-il conclu, comblé.
Écrit par Camille Blondin