Les coups de cœur d’Ericka Alneus
Si vous suivez un peu l’actualité gastronomique à Montréal (ce qui est probablement le cas puisque vous lisez ces lignes), vous avez peut-être aperçu Ericka Alneus aux côtés de la mairesse sortante Valérie Plante lorsque cette dernière a annoncé l’arrivée du Guide Michelin au Québec.
C’est que l’élue municipale, en plus d’être conseillère du district Étienne-Desmarteaux dans l’arrondissement Rosemont-Petite-Patrie, a été nommée l’année dernière Responsable de la culture, du patrimoine, de la gastronomie et de la vie nocturne au comité exécutif de la Ville de Montréal. Plus récemment, Mme Alneus a annoncé qu’elle se lançait officiellement dans la course à la chefferie de Projet Montréal. Bref, si vous ne la connaissiez pas déjà, vous risquez d’entendre parler d’elle souvent dans les prochains mois.
Avant que son agenda déjà bien garni ne se remplisse encore davantage, nous avons sauté sur l’occasion de jaser restos et gastronomie avec elle, le temps d’un café au chic restaurant Miracolo.
Ça mange quoi en hiver, une Responsable de la culture, du patrimoine, de la gastronomie et de la vie nocturne ?
Je dis à la blague que je suis un peu le party animal du comité exécutif. Mais j’ai le sentiment d’être la gardienne de l’âme de la Ville, parce que la culture, le patrimoine, la gastronomie, la vie nocturne sont très liés à notre identité montréalaise. De manière plus concrète, la mairesse délègue des collègues pour travailler en collaboration avec les services de la Ville. Comment on s’assure de pouvoir offrir aux Montréalais cette vitalité culturelle, nocturne et gastronomique, tout en préservant le patrimoine bâti et immatériel.
Je pense que le fait que mon papa est devenu cuisinier en arrivant au Canada n’est pas étranger à cette nomination. J’ai un profond respect pour les gens de ce milieu-là. Je suis très émue, très reconnaissante de pouvoir faire cette job-là.
Comment décririez-vous la gastronomie montréalaise?
C’est un art de vivre montréalais. Je me permets d’être chauvine, mais je trouve la gastronomie montréalaise d’une grande qualité, d’une grande élégance. C’est une gastronomie de haut niveau, mais qui est accessible pour plein de gens à différents prix. Je peux aller manger un Poulet 65 à 14$ chez Super Qualité, ou je peux aller manger chez Mousso. C’est un milieu qui est intrinsèquement lié à notre identité et au rayonnement international de Montréal. Je pense que ça fait partie de notre ADN.
Quels sont vos incontournables à Montréal?
Au Pied de Cochon. Martin Picard, c’est une personne qui nous a fait voyager partout dans le monde. Ça a été une pouponnière de cuisiniers qui se sont déployés partout dans le monde et au Québec. Stéfano Faita est passé par là, Huges Dufour, qui a ouvert le M. Wells à New York, aussi. Ça reste un restaurant mythique.
Joe Beef est un autre incontournable. Montréal Plaza, ex-aequo avec Le Mousso, si on a des sous! Si vous voulez vraiment vivre une expérience gastronomique, allez au Mousso. C’est un des plus beaux cadeaux qu’on m’a offert pour mon anniversaire.
Vous êtes conseillère de ville dans l’arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie, un secteur dont la scène gastronomique est en pleine effervescence. Qu’est-ce que cet arrondissement a de si spécial?
Sur la liste des 100 meilleurs restaurants au pays, il y en a six qui sont à Rosemont (Mastard, Salle Climatisée, Pichai, Bar St-Denis, Montréal Plaza et Mon Lapin) – dont le #1 (Mon Lapin)! On a de quoi être fiers! Je pense que ça reflète le fait que les gens ont envie d’avoir cette gastronomie près de la maison. Il y a des belles tables de jeunes qui s’installent, qui essaient des nouvelles choses, qui mobilisent les gens. Ça nourrit la vie et l’économie du quartier.
Vos coups de cœur dans Rosemont–La Petite-Patrie?
Mais il y en a bien trop! Vous voulez vraiment me mettre dans le trouble!? Il y a Mitch Deli, que j’ai découvert grâce à vous pendant la pandémie. La gang du Elsdale, pour leur implication dans le quartier, que je tiens à saluer. Bo’ Dégât et sa cheffe copropriétaire, Carme Màrquez, qui me touche beaucoup. J’aurais le goût de donner une mention spéciale à la Boucherie La Petite-Patrie, qui nourrit tout le monde dans les événements de quartier. Les patnès de Rose Ross, sur Masson, je les adore.
Votre café préféré pour travailler?
Dans mon quartier, il y a le café La Brassée. Les bons vieux cafés des années 2000, où tu peux manger, il y a des expos, tu peux faire ta brassée de lavage. Le Café Dispatch aussi, c’est chouette.
Le meilleur endroit pour un lunch d’affaires?
Un place qui n’a l’air de rien, mais où les pâtes sont géniales : L’Usine de Spaghetti. C’est super bon à un prix qui est vraiment raisonnable pour le Vieux-Montréal. Chez Bong, dans le Quartier Chinois, est une place où j’aime beaucoup aller manger. C’est un gros coup de coeur, ils sont adorables!
Pour célébrer un moment important?
Le Vol de Nuit est un des bars les plus séduisants en ville. J’adore le décor tout en rouge. Le Cadet, c’est un bel endroit pour célébrer. En groupe, Papito, pour l’aspect familial et le barbecue. Le Darling, aussi, c’est un très bel endroit.
Meilleure bouffe haïtienne ou créole?
Ah yo bro! Kèt! À emporter, Sissi & Paul. Dans les restaurants : Palme, Kamùy, Kwizinn, qui est littéralement à côté de l’Hôtel de Ville.
Meilleur resto pas cher?
Pho Tay Ho ou Y Lan de l’autre côté de la rue sur Saint-Denis. Prenez le poisson La Vong, c’est une tuerie.
Pour prendre un verre?
L’élue en moi voudrait tout d’abord vous rappeler de boire avec modération! Je suis en train de convertir les collègues, si on a envie de prendre un verre après le travail, il y a le Bisou Bisou dans le Vieux-Montréal. Ça n’existe plus, mais le Pullman était un endroit exceptionnel pour prendre un verre. Ratafia est cool. La Brasserie Harricana, c’est génial! Et un autre coup de coeur rosemontois : Bar Mamie! La qualité du vin à la verse est superbe. J’ai des traditions avec des amis au Bar Mamie.
Et pour finir : vous avez grandi dans les Cantons-de-l’Est. Quels sont vos adresses chouchou de la région?
Toute le monde devrait manger une poutine chez Louis avec un Maxi Louis et une orangeade. Je salue aussi Raphaël Rioux de Vin Polisson, avec qui je suis allée au secondaire. Le King Hall, c’est une institution. Shout out aussi à Marie-Josée Fréchette du Kaapeh, un café mexico-québécois. Le Siboire est aussi une fierté. J’ai un abonnement à l’Espace Go, je vais toujours boire un verre au Siboire sur Saint-Laurent avant les spectacles. J’habite à Montréal depuis 18 ans et j’adore ça, mais je reste une petite fille de Sherbrooke!
Bonne course, Mme Alneus!
Écrit par Mikael Lebleu
Photographié par Mikael Lebleu