Cinq questions à… Colombe St-Pierre

questions Colombe St-Pierre

Le 8 mars marque la Journée internationale des droits des femmes. Tastet tient à souligner l’apport inestimable des femmes à la société québécoise, tant dans l’industrie de la restauration que dans d’autres secteurs d’activité. Cette semaine, dans le cadre de notre série d’articles « 5 questions à… », on va à la rencontre de femmes qui nous inspirent. Qu’il s’agisse de restauratrices, de cheffes, de personnalités du milieu artistique ou d’athlètes professionnelles, on est toujours ravis d’en apprendre davantage sur ces femmes qui illuminent notre quotidien. Ces belles rencontres suscitent chez nous un enthousiasme que nous avons bien entendu envie de partager avec nos lectrices et lecteurs. On vous invite donc à découvrir des femmes coups de cœur de Tastet avec quelques questions-réponses ludiques tout au long de la semaine.

On ne peut faire entrer Colombe St-Pierre dans aucune boîte. Elle est éclectique, confiante, curieuse, allumée et militante ! Une fille de gang avant tout. Le confinement la prive de ses amis et ces derniers lui manquent beaucoup. En effet, elle est bien quand on partage un repas en groupe, sur une grande table commune que l’on se connaisse ou pas. La générosité, c’est important pour elle. On a souvent lu au sujet de son parcours d’autodidacte, de son enfance sur une île avec son père gardien de phare, de ses voyages et inspirations des quatre coins du monde. On la connaît aussi pour sa lutte constante pour valoriser les produits locaux et encourager la production artisanale. Principes qu’elle met rigoureusement en application à son restaurant Chez St-Pierre au Bic près de Rimouski. On vous présente où elle en est aujourd’hui, elle répond à nos questions tout en partageant sa vision des choses. On découvre un personnage cohérent et complexe.

Voici les questions que nous avons posées à Colombe St-Pierre.

Qu’est-ce que tu ne mangerais jamais ?
Un animal en voie de disparition… ou une plante.

Qu’est-ce que tu écoutes quand tu fais la cuisine ?
C’est toujours joyeux, c’est un peu cocktail, soit Bob Marley, les Beatles, Elvis… Pour vrai, j’écoute pas mal de choses en travaillant. Sinon, du gitan ou Madonna accotée.

Où rêves-tu de voyager après le confinement ?
J’aimerais retourner en Asie, où exactement je ne sais pas. J’ai beaucoup voyagé en Asie et j’aimerais y retourner avec mes enfants. Avant le confinement, je suis allée au Zimbabwe en Afrique et ça m’a réconciliée avec les gros voyages. Je m’ennuie de l’Asie. La dernière fois que j’y suis allée, j’avais 19 ans, je suis restée un an et demi. Je n’avais pas d’enfants à l’époque. J’aime beaucoup la cuisine asiatique, donc j’irais en Asie, tous pays confondus.

Que ferais-tu si tu n’étais pas cheffe ?
Là, maintenant, je suis très impliquée. J’aurais aimé faire de la politique, j’aurais aimé être ministre, mais je ne pense pas que j’aurais pu faire ça jeune. Il faut beaucoup de maturité, de connaissance du monde avant d’être un bon politicien. Donc je pense que je serais DJ. J’aurais aimé ça.

Qu’est-ce que les gens seraient surpris d’apprendre à ton sujet ?
Je fais, de façon régulière depuis que j’ai 20 ans, des feux d’artifice illégaux. Je me suis développé une passion pour les feux d’artifice. Je suis un peu excessive. Quand je fais un feu d’artifices ça me coûte cher. J’allume des mèches, j’adore ça. Si tu me demandes d’organiser un feu d’artifice, je pars, je mets des embargos sur tous les dépanneurs. Je suis full timée, je suis rendue pas pire. À mes 40 ans, j’ai investi beaucoup et j’ai allumé moi-même tous mes feux d’artifice. 

Le dernier livre que tu as lu ?
En général, je lis trois livres en même temps. Je n’ai habituellement pas le temps de lire, mais à cause du confinement, j’ai pu recommencer. Je suis en train de finir Géopolitique illustrée: Les relations internationales depuis 1945, j’ai lu la suite de la Servante écarlate et j’ai terminé Le Plongeur. Les livres sont comme la musique pour moi, ça dépend de ton humeur : parfois j’ai envie d’écouter du reggae, d’autres fois, les Beastie Boys.

Quel est ton péché de gourmandise ?
J’aime beaucoup le gras, je ne suis pas sucre du tout. Je suis plus fromages, mon péché serait le Vacherin Mont d’Or du Jura… avec un petit vin jaune ! J’en mange à en avoir mal au ventre.

Qui sont tes femmes coups de cœur, que ce soit dans l’Histoire, une célébrité ou en gastronomie ?
J’ai toujours eu beaucoup d’admiration, si on parle gastronomie, pour les femmes qui sont passées avant que la gastronomie devienne une chose à laquelle on porte un certain intérêt. J’ai un respect sans bornes pour les femmes cheffes de rue, qui sont passées dans l’ombre, qui font des plats extraordinaires, qui ont perpétué des traditions, une culture, des recettes, que ce soit au niveau familial ou public. J’ai voyagé beaucoup et il y en a partout. Des fois, je suis restée au même endroit cinq, six, sept mois juste parce que je m’étais assise à une table et que j’y avais mangé une bouffe extraordinaire qui m’avait jetée à terre et que je ne comprenais pas ce qui se passait. Je comprenais que j’étais devant une grande cheffe et qu’elle était dans le fin fond de la Thaïlande, dans une rue du Vietnam ou au Pérou dans un parc national. Je me suis élevée gustativement et spirituellement dans ces endroits-là parce qu’il y avait quelque chose de fort.  

Je ferais un hommage à ces gens-là qui sont peu connus. Comme George Brassens dit : « Toutes ces femmes que je n’ai jamais embrassées. » Dans la vie, on suit un chemin, mais il en existe plein et on ne peut pas tous les prendre. Toutes ces femmes qui sont au bout de ces chemins non empruntés, qui ont fait des cuisines extraordinaires depuis que le monde est monde. Ces femmes sont d’autant plus inspirantes, elles continuent d’être extraordinaires tout en étant ordinaires.

Merci à Colombe St-Pierre d’avoir répondu à nos questions ! Pour en apprendre davantage sur d’autres personnalités coups de cœur de Tastet, consultez les cinq questions avec Laurent Duvernay-Tardif, Gabriella Kinté Garbeau, Paul Toussaint, Camilo Lapointe-Nascimento et Nicolas Ouellet.


Photographié par Andréanne Gauthier

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