Rodman : bar festif d’inspiration caribéenne dans le Mile-End

Au coin de Saint-Laurent et Saint-Viateur, dans l’ancien local du Waverly, Rodman apporte une nouvelle vibration au Mile End. L’adresse est une ode aux saveurs caribéennes, raffinée mais ancrée, un vent chaud et relevé qui manquait dans le quartier. À la tête de ce superbe projet, on retrouve Akim Acacia, copropriétaire du restaurant Piklìz à Saint-Henri.

Les classiques de la cuisine caribéenne sont préparés avec finesse, avec quelques touches de fusion, sous la supervision de la cheffe Lordna Christina. Les brochettes ti bœuf arrivent tendres, juteuses, déposées sur une mayo “fiyah” qui porte bien son nom, accompagnées d’une salade d’herbes fraîches qui équilibre le tout. Le fritay, “straight outta Haiti”, rassemble les essentiels : accras, marinades, plantains frits, griot et piklìz, sans oublier l’aïoli qui lie les saveurs. C’est généreux, coloré, flamboyant. Mais le vrai coup de cœur, celui qu’on recommande sans réfléchir, c’est le poulet croustillant cornflakes style — panure croquante, viande juteuse, servi avec un mango chow bien acidulé et un ranch maison. C’est joyeux, ça surprend, et ça goûte les bons soirs d’été.

Ici, la cuisine reste ouverte jusqu’à 2h du matin. Parfait pour ceux qui n’ont pas envie de rentrer tout de suite, ou pour les faims tardives après un souper un peu trop arrosé. Le menu de nuit prolonge le plaisir : bananes pesées et griot, sandwich au poulet jerk… De quoi nourrir les discussions autant que les ventres.

Côté cocktails, les créations sont le fruit de Maximilien Jean de Cloakroom. La carte est travaillée, cohérente, pensée pour accompagner la bouffe sans la dominer. Le mai tai kremas revisite le classique tiki avec une touche créole : le kremas, cette liqueur haïtienne onctueuse à base de lait de coco, rhum et épices, adoucit les angles et amène un côté presque dessert. Le martini djondjon, lui, joue sur la salinité avec une saumure umami inspirée du champignon noir haïtien — un clin d’œil élégant au riz djondjon. Et pour les puristes, le ti punch garde sa place d’honneur, simple, direct, sans fioritures. Même les mocktails ont droit à une attention sincère, pour ceux qui veulent trinquer sans alcool mais pas sans plaisir.

Avant 22h, l’ambiance est douce, feutrée, presque intime. Les tables sont parfaites pour un souper entre amis ou un premier rendez-vous. Puis, la soirée prend du rythme : la playlist mélange afro, kompa et hip-hop, les lumières baissent, les rires montent. C’est festif sans être chaotique, vivant sans excès — une belle énergie, sincère, comme si tout le monde avait décidé en même temps de passer une bonne soirée.

Pssst… Le dernier dimanche du mois, Rodman propose un remède pour les lendemains de veille : un brunch tardif à la caribéenne qui devient un un peu festif avec un DJ sur place ! Ils ont plusieurs autres promotions pour les autres jours de la semaine.

Rodman, c’est un peu ce qu’on espérait sans le savoir : un lieu où les saveurs caribéennes s’habillent de modernité sans perdre leur âme, où l’on mange tard, où l’on boit bien, où l’on reste un peu plus longtemps que prévu. Un spot qui donne envie de revenir, juste pour revivre la vibe.

Écrit par Valérie Boutet
Photographié par Alison Slattery

Dernière mise à jour : 7 November 2025

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