Johanne Martineau : nourrir le corps et l’âme avec sa boulangerie Merci la Vie

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Il y a cinq ans, Johanne Martineau était conférencière, coach et chroniqueuse radio. Aujourd’hui, elle est copropriétaire du Café-boulangerie Merci la vie, une des meilleures boulangeries de la province, qui vient de d’emménager dans un plus grand local pour continuer à surprendre et à combler les gourmand.e.s de la région. Portrait d’une femme qui a su tout faire pour être heureuse. 

Pour ceux qui ne connaissent pas Johanne Martineau, c’est une femme de tête, une femme forte qui a de la chance, mais qui crée sa propre chance. C’est une femme énergique, pleine d’amour et de bonne humeur et son parcours est un peu comme elle.  En effet, l’épopée de Johanne Martineau témoigne d’une magnifique et impressionnante résilience et optimisme. Toute l’histoire de sa transformation personnelle et professionnelle commence radicalement quand elle perd son bébé après trois mois de grossesse (!) « Pour la première fois de ma vie, je me suis retrouvée un peu mal en point au niveau de ma santé et de mon énergie. »

Un soir, alors qu’elle rentre du bureau en auto, elle est prise d’un malaise et décide de s’arrêter, un peu par hasard, dans un magasin de produits naturels, Le Pommier Fleuri aujourd’hui disparu — où elle n’avait jamais mis les pieds. L‘avenante équipe du Pommier Fleuri lui offre ses conseils et Johanne voit, à son grand bonheur, sa santé reprendre du mieux. Cette rencontre pousse Johanne à explorer le monde de la médecine alternative et elle décide alors de faire une formation de naturothérapeute.

Quelques années plus tard, Johanne donne naissance à Chloé, qui dès son jeune âge ne s’avère pas une enfant facile. Pour l’aider avec sa fille, Johanne se tourne vers la formation Parent-guide, parent-complice de Jean-Pierre Gagné. Les résultats sont si impressionnants que Johanne décide de s’impliquer dans le programme. Avec un diplôme en coaching relationnel de l’Université Concordia en poche, Johanne décide de devenir conférencière et prend en charge les activités du programme sur la Rive-Nord.

À la maison, le chum de Johanne, Albert Elbilia — directeur artistique et photographe — développe tranquillement une passion pour le pain. En 2014, son enthousiasme se matérialise avec la rédaction d’un livre, Boulange et boustifaille : 75 recettes pour faire la fête autour du pain. Lors du processus de création, Albert subit une chirurgie qui le force à réduire son temps d’écran. Pour meubler ses nouveaux temps libres, Albert continue à pratiquer sa boulange.

Avec la chirurgie d’Albert qui l’empêche de prendre des contrats de photo ou de direction artistique, Johanne met les bouchés doubles pour prendre soin de la famille, maintenant agrandie de cinq enfants. Elle remplit ses semaines avec une dizaine de conférences, plusieurs chroniques à la radio et des séances de coaching, « tout ça avec un bébé dans les bras ». De son côté, Albert continue à perfectionner ses recettes de pain. Alors que la condition d’Albert ne s’améliore pas, la situation devient de plus en plus critique pour les Elbilia-Martineau : « À ce moment-là, son pain ne servait qu’à nourrir la famille – ce qui n’est pas rien, mais il ne servait pas à payer l’hypothèque. Je le trouvais beau et bon son pain, mais le nid était en danger. »

« Un soir, je revenais de donner une conférence pour la Commission scolaire des Laurentides et j’ai aperçu un petit local magnifique. La petite hurlait sa vie, donc je me suis arrêtée pour l’allaiter. Et tiens donc, le local était à vendre ou à louer ! ». Après avoir visité l’espace, Johanne demande à Albert s’il veut amener sa passion pour le pain à un autre niveau. Albert n’hésite même pas une seconde. « Je me suis dit que c’était peut-être là que la vie voulait nous envoyer, » raconte-t-elle.

En novembre 2015, la boulangerie Merci la vie voit le jour dans un petit local à Prévost. Pour Johanne, le nom Merci la vie était une évidence : « Le pain c’est noble ! Ça a nourri des peuples. Ça a sauvé des peuples de la famine. Merci la vie, c’est la gratitude. » En raison de la situation précaire du couple, il n’y avait pas de période d’adaptation possible. La boulangerie devait fonctionner, et ce, dès l’ouverture. « Le premier matin où on était ouvert, à 10 h 30 il ne restait plus rien ! ». Merci la vie. Effectivement.

Visiblement, les habitants de la région étaient excités par l’arrivée d’une boulangerie artisanale proche de chez eux. Rapidement, Johanne et Albert sont victimes de leur succès et l’espace manque. Pour tenter de répondre à la demande, le couple se procure une roulotte extérieure qu’ils utilisent pour élargir leur espace de travail. Cette roulotte permet au couple de produire plus, mais la situation est loin d’être idéale.

Comme la roulotte n’avait pas l’eau potable, le couple – accompagné de leur équipe dévouée – devait trimballer 4 000 kilos de farine et d’eau de la boulangerie jusqu’à la cuisine improvisée dans la roulotte. « [De plus,] quand il y avait une tempête de neige, ça voulait dire qu’on arrivait une heure avant notre quart de travail, donc à trois heures du matin, pour pelleter une tranchée pour nous permettre de passer avec l’eau et les bacs de farine. Ça n’avait aucun sens, je sais même pas comment on a fait ! »

Pour aider Albert dans la boulange, Johanne plonge dans le monde de l’entreprenariat. Elle fait ce qu’elle nomme le « HEC de nuit », c’est-à-dire qu’elle a appris à gérer budgets et prévisions financières à temps perdu, voire à sommeil perdu. Alors que la demande ne cesse d’augmenter, Johanne décide qu’il est temps pour elle aussi de se mettre à pétrir la pâte. Albert lui montre les bases. Encore une fois, il y a pas de marge d’erreur : « Chez Merci la vie, il y a un certain calibre de pain et de façonnage, tout est dans le souci du détail. C’est l’excellence et rien de moins. Moi, j’arrivais avec moins que l’excellence donc il y a eu beaucoup de prises de bec. Aujourd’hui, on est les deux aux pains et on a appris à valser ensemble. »

Une chose qui aide les danseurs à ne pas se marcher sur les pieds est une plus grande scène. C’est dans cet esprit que le couple a déménagé Merci la vie à la fin de 2019. Ce changement permet aussi au couple d’offrir de l’espace à ses ambitions. La boulangerie n’a pas complètement changé de paysage, elle se trouve toujours aux abords de la route 117, mais s’est seulement déplacé de quelques kilomètres vers le nord-ouest.

Avec ce magnifique et vaste nouveau local, le couple s’est donné la place pour bien recevoir. Finis les allers et retours dans la neige et finies les pénuries de pains en début d’après-midi.  Le déménagement est une nouvelle raison pour Johanne de remercier la vie. Toutefois, cette fois-ci, elle préfère braquer les réflecteurs sur son équipe sans qui rien de tout ça serait possible.

Le nouveau local de Piedmont permet à Johanne et Albert de faire évoluer leur mission initiale qui était de nourrir le corps et l’âme. Naturothérapeute de formation, c’est important pour Johanne d’offrir à ses clients un produit goûteux et sain. Pour ce faire, la boulangerie Merci la vie abandonne les levures et opte pour une fermentation lente et naturelle. À Piedmont, Johanne et Albert poussent les expérimentations encore plus loin en offrant des pains fermentés jusqu’à 10 jours. « Ici, le mot-clé c’est l’amour : amour dans les assiettes, comment on les prépare, comment on les présente, mais aussi d’où les produits proviennent. C’est important de reconnaître ce que la terre nous offre et de revenir à l’essentiel. »

Fraîchement emménagé, le Café-boulangerie Merci la vie fait encore plus courir les foules qu’avant. De son côté, Johanne donne encore quelques conférences, mais elle se concentre principalement sur le pain et tous les beaux projets qui attendent Merci la vie. Johanne et Albert se préparent à ouvrir les soirs, à organiser des événements et des soupers avec des chefs invités, à offrir de l’alcool, à écrire un livre (conjoint cette fois-ci). Bref, une planche à pain couverte de projets excitants pour Johanne et Merci la vie ! Johanne Martineau est une femme de cœur, une généreuse fonceuse qui conquiert quiconque croise son chemin. Elle transforme les énergies négatives en positives et fait sourire tout le monde sur son passage. Merci pour ton grand cœur et merci la vie de nous donner une femme comme toi à côtoyer autour d’un lunch ou d’un brunch réconfortant.


Photographié par Alison Slattery

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