Marie-Fleur St-Pierre : la superfemme

marie-fleur-st-pierre

Tout le monde ici connaît Marie-Fleur St-Pierre, une femme plus qu’inspirante. En effet, depuis plus d’une vingtaine d’années, elle anime de sa belle énergie la scène gastronomique de chez nous. Elle brille avec des passages en cuisine dans plusieurs excellentes maisons de la métropole, des livres, un blogue de recettes et des restaurants. “Chez nous” a d’abord été Montréal ; aujourd’hui — et ce depuis 2020 — c’est Kamouraska où elle a installé ses pénates, mari et enfants compris.

« J’avais besoin de changer d’air et j’avais déjà gouté au plaisir de vivre ici, près du fleuve, loin de la cohue. Les premiers contacts se sont faits avec mon ami Christian Bégin installé à Kamouraska quelque temps auparavant. »

Donc, en plus de tous ses talents, Marie-Fleur devient épicière, elle et son ami se portant acquéreurs du Jardin du Bedeau, l’épicerie du village qui tient lieu également de dépanneur. Évidemment, ses talents de cuisinière entrent en lice et les propositions de l’épicerie s’enrichissent de plusieurs plats délicieux. Le Jardin du Bedeau confirme son appellation d’épicerie fine.

Un parcours au gré du vent

  • Marie-Fleur vient de Repentigny. Pendant sa jeunesse, elle travaille dans quelques restaurants de sa ville natale.
  • Elle fait ses études collégiales en Arts et littérature au cégep Marie-Victorin. « Je n’étais pas une bonne élève, je séchais tout le temps mes cours pour aller voir des films à la Place Versailles ! »
  • Un jour, une amie lui parle d’un DEP en cuisine: « Ce que j’aimais, c’était que ça semblait plus axé sur la pratique que sur les notions théoriques. En fait, c’était aussi pour moi une échappatoire qui me permettrait de déménager à Montréal. »
  • Elle est acceptée en cuisine française à l’ITHQ et a entre autres Jean-Louis Themis comme professeur ; « il avait une façon d’enseigner qui était super vivante et j’ai vraiment accroché. Ça et aussi le fait que je trouvais ça tellement hot d’aller à l’école sur la rue St-Denis ! »
  • Suite à son programme à l’ITHQ, elle obtient un stage au Café Ferreira. « J’avais vu ‘café’, je me disais que ça allait être relax. (Rires) Mon prof m’avait juste dit que c’était de la nourriture portugaise et je trouvais ça cool, je voulais vraiment travailler là. Quand je suis arrivée au Ferreira, j’ai vite compris que ce n’était pas un café ! Marino, le chef, est un des hommes qui m’a le plus montré de choses en cuisine. Il a été à côté de moi longtemps, longtemps. »
  • Elle a ensuite l’opportunité d’aller réaliser un stage en France. « C’était pas très encadré et je travaillais au Ferreira, qui pour moi était LE meilleur resto. À l’époque, je pensais que je n’avais pas besoin d’aller en France apprendre ! » (Rires).
  • Marie-Fleur St-Pierre travaille ensuite très peu de temps au Toqué! où elle apprend l’importance de la propreté au travail et de la rigueur en cuisine.
  • Puis, elle va au restaurant gastronomique Les Caprices de Nicolas, sur la rue Drummond où elle s’occupe de placer les assiettes avant qu’elles sortent de la cuisine pour être servies. « J’adorais ça ! »
  • Un jour, elle décide que ça suffit ; elle ne veut plus travailler en restauration et retourne habiter chez sa mère.
  • Elle travaille alors dans un restaurant euro-snacks sur l’avenue Mont-Royal. « La propriétaire a regardé mon CV et m’a demandé : “Es-tu sûre que tu veux travailler ici ? » Marie-Fleur ne reste en effet pas très longtemps et quitte pour travailler au Barraca où elle refait le menu et le remplace par un menu axé sur les tapas.
  • Puis vient une opportunité de prendre un poste de chef chez Tapeo. « C’est à ce moment que je suis devenue une ‘vraie cheffe’. J’étais une excellente “garde-manger”, mais pour la cuisson, je capotais. Je mettais des timers partout ; pour mes côtelettes, mon filet mignon, tout ! » Les curieux gourmands affluent dès l’ouverture, Josée Distasio et Daniel Pinard viennent la voir pour tourner leurs émissions de télévision et la sauce prend au-delà des espérances. Cette belle aventure chez Tapeo puis Meson durera 20 ans.

Les bébés, les livres, le blogue

En plus de tout cela, Marie-Fleur a mis au monde deux beaux bébés : Colette et son petit frère Rosaire, qu’elle a eu avec son amoureux Alexandre Verreault. Tu l’as rencontré où ton chum en passant ? « Mon merveilleux Alex! Il était busboy au Tapeo ! »
Tout en gérant ses poêlons, son mari et ses enfants, elle publie trois livres aux Éditions de l’Homme ; un premier en 2010 ‘Les Tapas de Marie-Fleur’, un second en 2014 ‘Les brunchs de Marie-Fleur’ et un troisième en 2017 ‘La cuisine espagnole de Marie-Fleur’.

Pendant son congé de maternité, elle a également lancé son blogue de recettes : « C’est parti du film Julie and Julia et j’ai comme capoté ! À la base, j’adore écrire, et je savais que j’allais tomber en congé de maternité et avoir un peu rien à faire. J’ai donc voulu faire une espèce de scrapbook de recettes, d’aliments, je voulais vraiment parler au monde. Un mois avant que j’accouche, ça a vraiment pris forme. Ça a mis ma créativité à spin, ça a pas d’allure! Un chou-fleur, ce n’est plus juste un chou-fleur, ça me stimule ! » (Rires)

Kamouraska et l’épicerie

En avril 2021, elle se lance dans un nouveau projet avec le comédien, animateur et épicurien Christian Bégin. Marie-Fleur déménage avec toute sa petite famille pour s’installer à Kamouraska où elle achète avec Christian l’épicerie fine Le Jardin du Bedeau qu’elle gère. Son apport consiste à offrir du prêt-à-manger qui mettra en vedette les producteurs locaux de la région du Bas-Saint-Laurent.

Et maintenant, l’Hôtel Victoria à Saint-Pascal

Avec sa personnalité chaleureuse, Marie-Fleur se fait toujours des ami.e.s partout où elle passe. Dans sa nouvelle vie dans le Bas-Saint-Laurent, deux belles rencontres : la première, Samuel Dionne, copropriétaire de la chocolaterie La Fée Gourmande de Kamouraska. La seconde, Hélène McKoy, connue entre autres choses comme cofondatrice du Pouzza Fest à Montréal, un festival de musique punk rock tenu depuis 2011.

L’énergie de ce joyeux trio donne quelque chose de remarquable. À l’automne 2023, ils se sont donc portés acquéreurs de l’Hôtel Victoria à Saint-Pascal, joyau patrimonial de la MRC de Kamouraska qui a abrite bien des souvenirs émouvants pour nombre de personnes dans la région et au-delà. Marie-Fleur s’est remise au travail dans les cuisines du Vic et a rapidement mis sur la carte des plats qui portent sa signature. « Je veux proposer une cuisine qui rassure les gens, des plats chaleureux, accessibles pour une majorité de clientes et clients. Ma cuisine, style bistro, met de l’avant le travail des producteurs et éleveurs locaux. On va aussi rester dans une fourchette de prix qui va nous permettre d’accueillir encore et encore des personnes qui ne seront pas obligées de dépenser une fortune pour manger chez nous.

Passer dans la région ne sera plus jamais pareil, grâce à tous les petits plats sortis de la cuisine de Marie-Fleur. Saumon en escabèche, Longe de morue au four, piperade et Crudo de pétoncle, raisin de muscat marquent déjà des points dans les cœurs (et les estomacs) de la clientèle. De plus, on est heureux de voir que Marie-Fleur a remis au menu une paella, elle qui en préparait de si savoureuses à Montréal. Ici, bonheur double, la cheffe l’a baptisée Paella Victoria.

Comment tu fais pour faire tout ça ? (Rires)

« Je ne sais pas, je fais une routine, je mets des compartiments dans ma vie, je me fais des listes, des deadlines. Et j’arrête le soir. J’essaie de garder un équilibre. J’ai une vie remplie de petites parenthèses. »

De très belles parenthèses que tout le monde aime beaucoup.


Du magazine