Édouard Dufour-Boiteau : de derrière la caméra jusqu’à Mate Libre

edouard dufour boiteau mate libre edouard dufour boiteau mate libre edouard dufour boiteau mate libre edouard dufour boiteau mate libre edouard dufour boiteau mate libre

Édouard Dufour-Boiteau est habitué de travailler derrière la caméra. Après un voyage en Allemagne où il découvre le yerba maté, il décide de récréer la recette dans son appartement à Montréal. Quelques années plus tard, Mate Libre voit le jour : un breuvage énergisant, sans aucune bullsh!t, qu’on adore !

Originaire de Québec, Édouard déménage à Montréal pour étudier en Production cinématographique à l’Université Concordia. Alors qu’il est encore étudiant, il quitte pour découvrir le continent européen. Son itinéraire l’arrête à Berlin, où il rejoint un ami qu’il avait connu au Cégep qui habite maintenant la capitale allemande.

« Mon ami donnait des tours guidés. Il commence son tour de la ville avec une bouteille de bière dans les mains. Il dit aux touristes que ce n’est pas de la bière, mais plutôt un breuvage classique de Berlin : “C’est un club maté, une boisson à base de yerba maté typiquement berlinoise (produite en Allemagne).” Moi, je ne savais même pas c’était quoi le yerba maté. J’y goûte et c’est trippant. Je me rends compte que ça donne un peu d’énergie, mais que ce n’est pas comme un café ni une boisson énergisante. »

« À la fin du tour, on se rend dans un club et mon ami commande un maté-vodka. Il se fait servir la même bouteille de maté, similaire à une de bière. Il prend quelques gorgées et redonne la bouteille au barman qui y ajoute un shot de vodka. C’est là que je me suis dit que c’était un produit vraiment malade. »

De retour à Montréal, Édouard part à la recherche d’une infusion de yerba maté, boisson très populaire en Amérique du Sud. À l’époque, il existe un seul équivalent. Toutefois, selon Édouard, le goût n’y est pas et le produit est trop niché pour un breuvage avec autant de potentiel. Comme de fait, le produit disparaitra des tablettes peu de temps après. C’est donc par nécessité – par désir de déguster de nouveau sa découverte berlinoise – qu’arrive le premier moment eurêka : « Yo, je vais essayer de faire des recettes de maté dans ma cuisine. On va chez Anatole (un ami), on achète toutes les épices et on infuse le tout. Puis, on voit ce qui marche et ce qui ne marche pas. »

Entretemps, Édouard gradue de l’université. Par la suite, il déniche plusieurs contrats comme directeur photo et assistant-caméra. Travaillant à la pige, il touche à plusieurs aspects de la production vidéo. Il s’occupe de la direction photo pour des publicités, des vidéoclips, des projets corporatifs, ainsi que des documentaires. « J’ai toujours aimé varier. Tu peux être excellent dans un créneau, mais le fait de toucher à tout te permet de voir plusieurs approches et de devenir plus versatile. »

Début 2017, il travaille sur un documentaire en Thaïlande qui rejoint une autre de ses passions. Le projet suivait un américain qui s’installe à Bangkok pour ouvrir un restaurant. « Le documentaire traitait du choc culturel entre un restaurateur américain qui veut en apprendre plus sur la culture de ses employés thaïs. Ç’était vraiment intéressant parce que ça parlait de bouffe. J’ai toujours tripé sur la bouffe. Tous mes amis mes disaient que je devais ouvrir un restaurant. »

Son statut de directeur photo-pigiste fait qu’Édouard a beaucoup de temps libre. Il passe une grande partie de ce temps dans sa cuisine à perfectionner sa recette d’infusion de yerba maté. Sans aucune expérience en création de breuvages – à l’exception d’un amour marqué pour la cuisine, il adopte la technique essai et erreur. Pendant les deux ans et demi qui suivent son retour d’Allemagne, Édouard réalise plus de 300 recettes, certaines qui durent une semaine entière, pour finalement en arriver à une infusion de yerba maté à la hauteur de ses visiblement hauts standards. Pour lui, c’était important d’avoir un produit qui goûte bon avant de penser à commencer une compagnie.

Début 2019, Édouard prend la décision d’officiellement mettre en marché son produit. L’infusion de yerba maté pétillante montréalaise Mate Libre voit le jour : un breuvage naturel (et naturellement caféiné) à base de yerba maté, d’agave, d’orange, de fleur d’oranger et de citron qui se veut une belle alternative au café d’après-midi (ou au jagger bomb de fin de soirée). Toutefois, le travail ne fait que commencer pour Édouard.

Le premier défi qui attend la jeune compagnie québécoise est de faire comprendre à ses futurs clients, mais aussi aux investisseurs, qu’est-ce que le Mate Libre. Un kombucha ? Une boisson énergisante ? Gazeuse ? Un thé glacé ? « Il y a énormément d’éducation à faire. Les gens ont tendance à associer une nouveauté avec quelque chose qu’ils connaissent déjà. Il faut faire comprendre que Maté Libre, oui c’est énergisant, mais que ce n’est pas une boisson énergisante ; que non ce n’est pas du kombucha, il n’y a pas de fermentation ; que c’est du yerba maté. Notre objectif est de créer une nouvelle catégorie de breuvage. »

De plus, Édouard est fier d’affirmer que Mate Libre est certifié bio et équitable ; sans bullsh!t comme le dirait leur slogan. « La recette, ça reste la même que je faisais dans ma cuisine. On utilise juste des ingrédients naturels et frais. Durant le processus de mise en marché, ça a été difficile de dire non aux agents de conservation, au sorbate de potassium, aux colorants. Ça aurait été la voie facile. Nous, on utilise des ingrédients que j’aurais utilisés dans ma cuisine. »

Toujours dans une optique verte, Mate Libre offre la livraison à émission de carbone nulle, alors qu’ils font affaire avec des messagers à vélo, été comme hiver.

Aujourd’hui,  Mate Libre est offert dans 300 points de vente, non seulement à Montréal, mais un peu partout au Québec. D’autre part, la jeune compagnie vient tout récemment de remporter deux bourses (Montréal Inc. et Match DUX). Les objectifs d’Édouard sont clairs. Il veut que Mate Libre devienne la référence en terme de breuvage de yerba maté à travers le monde : « C’est un produit qui gagne à être connu. J’aurais voulu avoir ça quand j’étais aux études. J’aurais voulu avoir ça quand je travaillais en cinéma. Et depuis les trois dernières années, j’en bois 2 à 3 par jour. »


Photographié par Alison Slattery

Du magazine