Pasta Pooks : des vedettes de la pâte fraiche

C’est au Mano Cornuto, à son poste de travail, les mains noircies par l’encre de seiche, que Luca Vinci m’attendait le jour de notre entretien. Posé et concentré, il travaillait habilement les pâtes qui se retrouveraient plus tard dans les assiettes des clients du populaire restaurant de Griffintown.

Quelques minutes plus tard, son énergique partenaire d’affaire et meilleur ami Victor Petrenko, plus connu sous le nom de Coach Vic, franchit la porte.

La première question qui traverse l’esprit en regardant ces deux personnages est de comprendre comment deux personnalités si différentes peuvent s’associer et se comprendre. La deuxième: comment ces deux moutons noirs ont réussi, en si peu de temps, à devenir des rocks stars de la scène culinaire de Montréal ?

Des amis de longue date

C’est ironiquement une passion pour les jeux vidéo qui est à la base de l’amitié de nos deux gaillards. « On connaît plusieurs personnes qui jouent aux mêmes jeux que nous et tout le monde sait que Pooks et moi, on est une équipe du tonnerre. On communique comme personne au monde. On possède une connexion qui transcende l’entendement et la raison », confie Coach Vic.

Luca Vinci se dit ouvertement un garçon à sa maman. Élevé par le clan maternel, il a appris l’art de la fabrication des pâtes en observant ses tantes et sa mère. Introverti et réservé, il y trouve rapidement une échappatoire et un aspect méditatif. « Quand je travaille la pâte, j’oublie tout. Je n’ai pas besoin de parler à personne, je suis bien, je souris, je vis. J’ai toujours été perfectionniste et je pense que c’est l’une des clefs de notre succès. Il m’est arrivé plusieurs fois de faire de l’insomnie après avoir servi des pâtes que ne me semblaient pas exécutées comme je les imaginais», raconte-t-il.

Ce dernier tient à préciser qu’il a perfectionné son art alors qu’il travaillait au restaurant Impasto en compagnie de Stefano Faita et Michele Forgione.

Victor est aux antipodes de Luca. Extraverti, grande gueule et en quête constante d’attention, il a touché à plusieurs domaines avant de s’investir corps et âme dans Pasta Pooks. « J’ai travaillé dans les clubs, les bars, les restaurants, la musique, name it ! J’ai besoin de l’énergie des foules, d’action et de pousser le monde afin qu’ils s’amusent au maximum », relate-t-il.

Animé par une forte passion pour la cuisine et la gastronomie, le duo décide, en pleine pandémie, d’unir ses forces et de lancer Pasta Pooks.

« C’est plus que des pâtes, c’est un spectacle »

Luca et Coach Vic se sont rapidement créé une notoriété à l’aide d’Instagram. « Luca vient de Québec. Les filles de Montréal n’avaient jamais vraiment vu sa belle gueule avant qu’on se mette à travailler ensemble. Quand j’ai commencé à mettre des vidéos de lui en train de faire des pâtes sur Instagram, j’ai reçu plusieurs messages de jeunes femmes qui voulaient soudainement nous acheter nos produits. Comme quoi être beau gosse a ses avantages », raconte à la blague Coach Vic.

Instantanément, la demande pour les produits Pasta Pooks explose. En plus d’avoir un marketing hors pair, les produits proposés par le duo s’avèrent succulents et de grande qualité. « Ce qui a fait notre succès, c’est qu’on est resté dans le créneau qui est le nôtre. Nous ne sommes pas des chefs. Nous sommes des artisans qui travaillent les pâtes fraîches. Il y a un grand respect pour les traditions et l’artisanat dans l’industrie de la restauration », continue Luca.

C’est ainsi que Pasta Pooks attire l’attention de nombreux restaurateurs montréalais. S’ensuit une série d’affiliations avec de grandes adresses de la métropole – Salle Climatisée, Mano Cornuto, Adamo, Île Flottante et Boxermans, pour ne pas tous les nommer.

Les pop-ups Pasta Pooks deviennent alors des messes festives où les pâtes sont à l’honneur. « Nous avons une démarche bien établie. Nous commençons toujours par créer un lien étroit avec le chef de l’établissement. Il est fondamental pour nous de connaître les histoires, influences et parcours de ces derniers. En fonction de ces informations, nous créons un menu en collaboration avec eux. C’est là qu’entre en jeu notre mécène : Ana Maria Vinci.»

La tante de Luca tient un rôle significatif dans Pasta Pooks. Fine cuisinière, elle assiste à la création de tous les plats. « Sans elle, rien ne serait possible », explique le duo.

Pasta Pooks à Osheaga

« Quand Danny Smiles nous a approchés pour nous demander si on voulait cuisiner pour les artistes de l’édition 2022 du festival Osheaga, on n’en croyait pas nos oreilles. Enfin, on nous donnait la chance de montrer à la ville et au monde que Pasta Pooks est une entité à part entière! », se souvient Coach Vic.

Pour l’occasion, ils s’entourent d’une équipe à leur image. Coach Vic, Luca Vinci, Dan Falconi, Marco Tafuri, Dan Lomanto, Janice Tienfenbach et Kai Fox débarquent ainsi au festival sous la bannière de Pasta Pooks.

Dès les premiers jours du festival, on ne parle que d’eux. Ils volent la vedette aux grands noms du Artist World. « C’était toujours le gros party devant notre stand, tout le monde se demandait ce qu’il se passait là. Il est vrai que c’est rare de voir un gars faire des pâtes fraîches en plein milieu d’un festival. Des grands chefs montréalais ont même quitté leur poste pour venir “jouer” avec nous et mettre la main à la pâte. C’était l’hystérie ! », raconte fièrement Coach Vic.

Pasta Pooks a gagné son pari à Osheaga. L’équipe a prouvé à l’industrie et à la ville entière que leur projet est sérieux, mature et assumé.

Notre duo ne s’arrêtera pas là !

« L’objectif final est d’ouvrir un café restaurant, de faire le tour de l’Italie ou de cuisiner pour Louis Vuitton ! Qui sait ? Nous ne nous imposons aucune limite. Tant qu’on va s’amuser et aimer ce qu’on fait, j’imagine que ça va fonctionner. Pour l’instant, on a plus de fun que jamais, alors attachez vos tuques avec de la broche, Pasta Pooks arrive en force ! »
—Coach Vic


Photographié par Mikael Lebleu et Pasta Pooks

Du magazine