La Pimenterie: changer le monde, une sauce à la fois

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Dans le cadre du volet gastronomique du festival Montréal en Lumière, l’Office montréalais de la gastronomie a lancé le coffret gourmand 100% Montréal. Ce coffret a pour objectif d’inviter le milieu hôtelier, organisationnel ou des affaires à valoriser le travail des artisans, producteurs et transformateurs montréalais en guise de cadeau corporatif. À travers cette série de portraits, nous vous les faisons découvrir. On termine cette série avec La Pimenterie.

Véritable pionnier des sauces piquantes au Québec, La Pimenterie distribue ses produits aux quatre coins de la province – et même au-delà. Pourtant, Julien Fréchette aurait été le premier surpris si on lui avait dit il y a quelques années qu’il deviendrait le fondateur d’un petit empire du piment.

C’est en effet lors d’une discussion sur le journalisme en zone de guerre que nous avons entendu pour la première fois le fondateur de la Pimenterie parler de sa transition entre le cinéma documentaire et les sauces pimentées. Il y avait de la tension dans l’air et le cinéaste discutait alors de son trauma alors que son convoi avait été pris pour cible par des membres de groupes armés au Kurdistan irakien.

Une transition dictée par l’adrénaline

« J’essaie toujours d’expliquer cette transition en allant à l’essentiel, mais c’est compliqué », évoque le saucier. « Essentiellement, je crois que je suis allé un peu loin dans ma pratique documentaire et ça m’a fait peur. C’est un métier qui fonctionne à l’adrénaline et je me demande si aujourd’hui ma route m’aurait mené sur le front en Ukraine si je n’avais pas fait le saut vers les sauces fortes. »    

C’est lors de son expérience irakienne que l’idée de la Pimenterie germe. En revenant du tournage de son film Ma guerre, il s’enferme dans sa cuisine et crée une gamme de sauces piquantes différentes de celles qu’on trouve sur le marché. Il crée alors sept sauces originales, dont la Royal Bourbon, l’une des premières de sa compagnie et un clin d’œil à son séjour irakien: une fusion entre le bourbon et les dattes!

« Je pense avoir atteint plus de monde avec mes sauces qu’avec mes films. » – Julien Fréchette, documentariste et fondateur de la Pimenterie

Un monde de possibilités et de saveurs

« Le monde de la microbrasserie et de la sauce pimentée ont des similarités », poursuit Julien Fréchette. « Nous créons de petites quantités de sauces, à peu près mille bouteilles à la fois. En ce sens, nous sommes une micro-saucerie, on crée des amalgames, des saveurs, on décompose une sauce pimentée classique: du piment, du vinaigre et du sel et nous y ajoutons des fruits, des épices, des légumes. On peut faire ce qu’on veut avec ces paramètres-là. »

Ainsi, la Pimenterie est devenue aujourd’hui une fabrique artisanale qui distribue ses produits dans plus de 350 points de chute à travers le Québec. Ils offrent plus d’une vingtaine de sauces distinctes, trois salsas, quatre sauces BBQ et deux sirops d’érable infusés aux piments. Ses recettes sont originales et proposent une vision décomplexée du piment à un public avide de nouveautés.

Car aujourd’hui, la sauce piquante est un véritable phénomène culturel; ses adeptes collectionnent les bouteilles et les conservent partout dans le monde.

« La beauté de ce phénomène c’est que ces sauces s’adressent potentiellement à tout le monde », explique l’entrepreneur. « Ce qui est en train de se passer c’est que nous tombons sous l’emprise du piment ici en Amérique du Nord, alors que le reste du monde a intégré la chose depuis très longtemps. Le piment est à la fois une épice, un fruit, ça a du goût et ça peut potentiellement faire un petit buzz. »

Certains piments séchés sont importés directement du Mexique

Aller aux piments comme aux pommes

Julien Fréchette est dans son élément et a trouvé le projet qui lui permet de cultiver sa créativité tout en faisant une différence dans son milieu. Tous les piments qu’il utilise sont cultivés au Québec, mis à part certains piments séchés qu’il fait venir du Mexique

« Chipotle, guajillo, árbol sont les variétés qu’on importe, car ce sont des piments avec une forte tradition dans le terroir mexicain qu’on n’est pas encore capable de bien produire ici », explique-il. « Un bon chipotle a un arôme incomparable et une senteur unique. »

À terme, le cinéaste caresse un rêve, celui d’implanter une Pimenterie à la campagne sur une route agrotouristique dans un cadre bucolique où tous les piments sont cultivés sur place.

« Une fois qu’on aura un espace à la campagne, les gens viendront dans nos serres voir et toucher les cinquante, voire soixante variétés de piments que nous cultivons sur place », rêve Julien Fréchette. « Ainsi, la Pimenterie deviendra un lieu physique où l’on peut éduquer les gens sur les bienfaits du piment et où l’on viendrait aux piments comme on va aux pommes. »

C’est la sauce Fumisterie à la bière noire et au café représente La Pimenterie dans le Coffret gourmand 100% Montréal

À propos de l’Office montréalais de la gastronomie

L’Office montréalais de la gastronomie est une initiative de Tourisme Montréal réalisée grâce à l’appui financier de la Ville de Montréal. L’OMG a comme mission de mobiliser les milieux concernés pour renforcer Montréal comme destination gastronomique de premier choix en Amérique du Nord. Ainsi, ses objectifs sont de positionner la gastronomie comme moteur de développement économique, social, environnemental, culturel et comme lieu de création et d’innovation; d’accompagner les milieux concernés à accroître la portée d’initiatives à forte valeur ajoutée pour la destination et à faciliter les occasions d’affaires; de stimuler et de reconnaître les initiatives de valorisation des produits artisanaux de Montréal et de nos régions; de mettre en lumière les éléments clés du patrimoine culturel et de l’identité culinaire montréalaise et québécoise ainsi que d’intensifier la visibilité des produits, des chefs ainsi que des artisanes et artisans de Montréal à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de la province et du pays.

Pour plus d’informations, visitez le site www.officemtlgastronomie.ca.


Photographié par Mikael Lebleu

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