Francine Brûlé : restauratrice au succès incomparable
Francine Brûlé est fondatrice et propriétaire des Enfants Terribles, co-propriétaire du supperclub Soubois et ouvrira sa première franchise Les Enfants Terribles au printemps prochain. Portrait d’une femme battante, passionnée et passionnante.
Francine Brûlé a travaillé 35 ans en mode et a connu un très grand succès — elle était d’ailleurs un des plus importants agents au Canada. À 53 ans, elle a décidé de tout fermer et de profiter de la vie, faire le tour du monde, voyager, se reposer.
Elle apprend cependant que le local du restaurant au coin de Bernard et Champagneur se libère et son ami, Serge Bruneau, est restaurateur. “Je ne voulais pas y travailler, mais j’ai vu une opportunité d’affaire. On s’est entendu Serge et moi, que je l’ouvrirais et qu’il s’en occuperait.” Le 17 décembre 2007, en vacances de Noël avec sa famille, Francine Brûlé apprend qu’elle devient propriétaire du local du 1257 Avenue Bernard. Avec sa famille, elle pense à un concept de restaurant chaleureux et rassembleur : “j’aime les gens et je voulais faire quelque chose de fun. Je pensais à un endroit où toutes les générations auraient du plaisir, et où ni les enfants ni les parents n’auraient besoin de se forcer pour s’amuser.” Ne manque qu’un nom accrocheur.
“Mes enfants aimaient beaucoup faire la fête. Pendant ces vacances-là, un de mes fils est sorti un peu plus qu’à l’habitude et j’étais très stressée et très frustrée contre lui. En revenant de sa grosse sortie, il m’a dit ‘Maman, tu devrais appeler ça les Enfants Terribles‘. Je lui ai dit pas contente ‘ben oui Martin! Pis je vais mettre ta face partout dans le restaurant!!’ C’est exactement ce que j’ai fait. (rires)” L’idée est restée et vous pouvez maintenant le voir sur plusieurs camions, murs, menus et autre, en plus d’autres enfants terribles.
À leur retour, son fils Alexandre sort Francine partout à Montréal pour lui montrer les endroits qui fonctionnent et ceux qui fonctionnent moins et on regardait pourquoi. C’est d’ailleurs lui qui a fait le branding et le design des Enfants Terribles. “Quand on m’a donné les clés et que je suis rentrée dans le local, mes jambes se sont mises à trembler, je me suis dit ‘Qu’est-ce que je fais ici? Qu’est-ce que je viens de faire?‘ Les gens me parlaient de choses de restauration que je ne comprenais pas et j’avais juste hâte d’ouvrir; j’ai donc poussé tout le monde — je suis bonne pour faire ça! (rires)”
- Le 20 avril 2008, le restaurant les Enfants Terribles de la rue Bernard ouvre ses portes, et 20 minutes plus tard, il est plein à craquer et les clients attendent jusqu’à 3 heures pour recevoir un plat (!) C’est ainsi durant tout l’été. Après trois semaines, la chef qu’ils avaient engagée est brûlée et démissionne en plein service. Quelle première expérience en restauration. Francine travaille de 6h à 2h du matin chaque jour — “So long le tour du monde à se reposer! (rires) Les clients chialaient, me disaient que ça n’avait pas de bon sens! J’étais bien d’accord, mais on n’y arrivait juste pas, la demande était trop grande et je manquais trop d’expérience.” Et puis tranquillement ils se sont ajustés et ont trouvé leur tempo; comme quoi le travail assidu est souvent indice de succès.
- En mars 2013 ils ouvrent une succursale à l’Île-des-Soeurs sur le bord du Fleuve St-Laurent. Les gens connaissaient le nom Les Enfants Terribles, connaissaient l’offre, le site était très beau, et pour Francine, l’endroit est une sorte de “campagne à 10 minutes du Centre-Ville. On décompresse là-bas, c’est magnifique!”
- Deux ans plus tard, son fils Alexandre vient la voir avec le projet du Soubois. “Je ne devais pas trop travailler…” (rires) Francine devient co-propriétaire d’un des supperclubs les plus populaires en ville avec six jeunes co-propriétaires, dont un des chefs des Enfants Terribles.
- Au même moment, le local qu’elle voulait au Centropolis de Laval se libère et elle décide avec Serge Bruneau de le prendre pour ouvrir un troisième restaurant Enfants Terribles à Laval. “Ça ne pouvait pas être un pire timing!” Maximiliano Valetta, Dominic Muller et Serge l’aident à s’occuper du projet. Francine ouvre un troisième Enfant Terrible, de plus de 200 places cette fois.
- Francine s’est aussi fait proposer par Alexandre Taillefert la possibilité d’ouvrir un restaurant Les Enfants Terribles au Centre-Ville. “J’étais tellement flattée, je n’ai pas pu dire non. J’aimais l’idée d’ouvrir une brasserie montréalaise au sommet du Centre-Ville. C’est tout un challenge! Ce sera notre première franchise.” Au printemps prochain, après deux ans de travail, Francine Brûlé ouvrira donc sa première franchise des Enfants Terribles sur le toit de la Place-Ville-Marie.
Ce qui fait que les restaurants Enfants Terribles sont toujours pleins est en partie le désir des propriétaires de recevoir leurs clients comme des membres de leur famille. “Que tu sois une femme seule dans la quarantaine, un parent qui essaie de passer un moment avec tes enfants ou n’importe qui, l’endroit est confortable et accueillant. J’ai des gens de 80 ans qui me remercient de leur redonner leur jeunesse. Je voulais de la nourriture honnête, dans une ambiance chaleureuse, agréable et confortable. Comme tout le monde, on n’est pas parfaits, mais je trouve que j’ai réussi ce que je voulais.”
Pour Francine, une entreprise, surtout en restauration, ça se tient très serré. Parfois accusée d’être très exigeante, Madame Brûlé ne cache pas sa main de fer, qui fait cependant aussi son succès : “On est en business pour que ça marche! Moi je suis comme la mère autoritaire qui chicane, mais qui t’embrasse. Je me bats chaque jour pour bien gérer ma business, je suis droite comme une barre — des fois c’est chiant et je tombe sur les nerfs des gens, mais il y a trop de pertes et de trucs imprévus. Tout a une raison en business, tout est une question de calcul, tout est mathématique.” En tout, Francine Brûlé compte plus de 250 employés dans ses établissements et sert près de 5 000 clients par semaine (!)
Francine Brûlé est une femme de passion, sévère, travaillante, mais aussi généreuse et aimante. C’est une fille imparfaite, vraie, avec des qualités et des défauts, mais tellement charmante et admirable, avec des accomplissements incomparables.
Quelle femme! Merci pour votre énergie contagieuse et votre travail inspirant.
Écrit par Élise Tastet
Photographié par Jean-Yves Bruel