Famille Furfaro : mettre Montréal sur la carte internationale
La famille Furfaro est la famille derrière le Café Olimpico, qui existe depuis 1970! Nommée comme un des 50 meilleurs cafés du monde et ayant ouvert sa troisième succursale cette semaine, la petite entreprise familiale est en train de devenir une entreprise de renommée internationale. Portrait d’une famille italienne immigrée travaillante et passionnée depuis plus de 50 ans.
L’histoire du Olimpico commence avec Rocco Furfaro et sa femme Pina. « Mon père était un homme bon, généreux et optimiste. Il faisait toujours attention de bien s’occuper des gens et de ne pas les critiquer, et maintenant tout le monde parle en bien de lui, » raconte sa fille, Victoria Furfaro.
Tous deux immigrants italiens, Rocco Furfaro et sa femme s’installent dans le Mile-End à leur arrivée au Canada et ont deux filles,Victoria et Rossana. « Le Mile-End était le coin des Italiens, des Grecs et des Portugais. À l’époque, c’était un quartier très pauvre. Beaucoup de femmes travaillaient dans les bâtiments de manufactures autour. Pour moi, ce quartier est très important, mais c’est surtout la rue St-Viateur qui est importante. Il y a beaucoup de gens travaillant ici… j’y aie grandi et évolué moi-même. Je bénis mes parents d’avoir été heureux, gentils, pleins de vie, de musique. »
Les parents de Victoria ouvrent d’abord la pizzéria Mello, sur la rue St-Viateur. En 1970, le couple décide d’ouvrir le café Olimpico. Victoria a alors 7 ans. « Mon père a toujours eu une vision pour l’entreprise et mis beaucoup d’importance sur notre famille. Mon père amenait les clients à la maison pour manger des spaghettis avec nous. Il y avait toujours des gens dans ma maison. »
Rocco Furfaro était aussi un grand amateur de sports. Il cherchait un endroit pour regarder ses matchs de soccer, et a ouvert le Café Olimpico en grande partie pour répondre à ce besoin criant du quartier. Très rapidement, le Café Olimpico devient un endroit de discussion sur le sport, particulièrement le soccer. Le café est pour les hommes seulement — “c’était une autre époque…” —, mais la mère de Victoria travaille tout de même au café. Les femmes commencent seulement à venir au café en 1990.
Depuis toujours, le père de Victoria met l’emphase sur la communauté et dès son ouverture, le café est un lieu de rencontres. “En venant d’Italie, mon père voulait amener quelque chose de l’Italie. Et à l’époque, peu de gens savaient ce qu’était un cappuccino ici. ”
Le Olimpico mise sur des liens humains tant avec les clients que les employés et prouve rapidement que c’est la chose la plus importante dans une entreprise. Rocco et sa famille profitent de toutes les occasions pour redonner à la communauté et à ses clients fidèles et rassembler les Italiens de Montréal. Il porte une attention particulière à ses employés — certains travaillent avec l’entreprise depuis plus de 20 ans (!) — hi Ford, hi Alex! Le travail d’équipe, les employés, c’est tout un ensemble. Traiter les employés équitablement, s’assurer qu’ils ont du plaisir, qu’ils sont heureux, c’est beaucoup de travail, mais sur une longue route, c’est ce qui fait la différence.
Après le Olimpico, Rocco Furfaro ouvre en 1980 La Potagerie sur Robert Bourrassa — un restaurant où on servirait des soupes, des lunchs style Tavocalda, avec des lasagnes, du poulet cacciatore, des plats d’aubergines. C’était une rôtisserie italienne, avec des cafés espresso et capucino et l’adresse proposait des lunchs pour 3,50$ (!) Le restaurant est de type cafétéria, mais la cuisine y est préparée par une cuisinière italienne hors pair — signora Maria.
Victoria fait ses études et travaille dans le milieu des services aériens. Pendant ses études, elle doit venir travailler à la Potagerie. Après ses études,Victoria travaille dans les compagnies aériennes — Ward Air. C’était une autre époque pour les femmes italiennes — je devais apprendre à nettoyer et à faire la cuisine. J’ai élevé ma fille différemment – je l’ai poussée ici ! Elle est ingénieur aujourd’hui.
À 55 ans, il a vendu la Potagerie parce qu’il avait été diagnostiqué avec le cancer. Il reçoit plusieurs offres d’achat pour le Olimpico, mais Victoria le convainc de garder le café — « les mauvaises personnes profitent toujours de ceux qui sont en situation de faiblesse, il ne faut pas se laisser faire. » Monsieur Furfaro survit à son premier cancer, mais à 69 ans, il reçoit un autre diagnostic.
Victoria a un fils et une fille. Quand Rocco s’éteint, Jonathan Vanelli, le petit-fils de Rocco, a 13 ans. « Je suis une femme très émotive, quand il est mort, ç’a été très difficile pour moi. Mais je suis aussi forte et j’ai un mari exceptionnel qui m’appuie depuis toujours. Je me suis ressaisie et j’ai pris la relève. » Rocco a laissé le café à ses deux filles, mais Rossana vit à New York. C’est donc Victoria qui reprend l’entreprise familiale avec brio. Si elle reste extrêmement humble dans son implication au succès du Olimpico, elle fait honneur aux valeurs de son père et continue de traiter les clients et les employés avec le plus grand respect et d’y mettre un travail acharné et beaucoup d’amour.
Jonathan commence à travailler au café quand il a 15 ans. Il nettoie les toilettes, les planchers, puis aide les baristas. Il est barista de nombreuses années. “Il faut savoir travailler. Je n’allais pas lui donner les clés tout de suite. Il devait les mériter. Mes amies et les amis de mes parents venaient me voir et me disaient je n’arrive pas à croire que tu fasses faire ça à Jonathan!, mais le travail, ça s’apprend comme ça. Cuisiner, laver les sols – il respectera plus les employés après avoir fait leur travail. Les valeurs dans la vie, c’est très important. On fait tous de notre mieux.” Son fils Jonathan a fait des études en marketing et en commerce à Concordia, mais n’a jamais pensé que le café l’intéresserait.
Tout comme Victoria, depuis qu’il est petit, Jonathan vit dans le café et y travaille. Aujourd’hui, il prend la relève et aide à porter l’entreprise à un autre niveau. « Il a poussé notre branding, notre marketing — il a mis notre logo Olimpico sur les tasses, les t-shirts, les sacs. Je dois avouer que je trouvais ça fou au début, mais que maintenant je suis très fière quand on les voit dans la rue! »
C’est aussi Jonathan qui pousse sa mère à ouvrir de nouvelles localisations pour le Olimpico. En 2016, le groupe Antonopoulos (propriétaire de 6 hôtels dans le Vieux Montréal, 10 restaurants et 6 terrasses) approche Jonathan et lui propose d’ouvrir un deuxième Olimpico dans l’Hôtel William Gray.
Le propriétaire de MKT approche Jonathan pour ouvrir une deuxième localisation, un Olimpico au Centre-ville. « C’était plus facile pour moi : j’ai vu combien la localisation du Vieux Montréal fonctionnait bien et quand j’ai vu que c’était sur Université, à côté de l’ancien restaurant La Potagerie, j’ai tout de suite eu un moment d’émotions… j’y travaillais! Mon père était un homme d’affaires, mais c’est important pour moi, ma sœur même si elle vit à New York, elle fait partie de ma famille, important. Il nous a laissé les affaires à tous les deux. Elle comprend que Jonathan passe à l’étape suivante — il a amené le Olimpico à trois endroits clés de la ville de Montréal. Ne nous disputons pas sur les affaires. »
Victoria pense que ses parents sont responsables du succès de l’entreprise et que son fils est responsable de l’expansion et de la notoriété, mais on peut vous assurer qu’elle a su garder l’essence du Olimpico et rendre l’entreprise familiale impeccable. « J’ai appris à dire de ne jamais dire jamais! Il y aura toujours de la compétition. On doit s’occuper de nos affaires, offrir un bon produit et ne pas avoir peur. Si on est bons avec nos employés, on est bons avec nos clients, tout va bien aller. »
Le Olimpico, c’est la célébration de la communauté et des bons vivants — la célébration du mélange des cultures qui sont propres à Montréal à travers une famille passionnée et travaillante.
Écrit par Élise Tastet