Anne-Virginie Schmidt : la grande bâtisseuse passionnée

Anne-Virginie Schmidt

Dès les premiers instants où j’ai rencontré Anne-Virignie Schmidt, j’ai su que je voulais que cette femme fasse partie de ma vie! Sa joie de vivre éclatante, son rire contagieux, son enthousiasme débordant, ses mille et un projets, son regard curieux sur tout : tout en elle m’a impressionnée. Anne-Virginie est toujours à la course, mais toujours heureuse. Comme si elle détenait une partie du secret du bonheur : être passionnée, intensément occupée, mais garder le cœur léger.

Très vite, nous nous sommes retrouvées autour de nos passions communes : les bons produits, l’art de recevoir, les partys de cuisine, et une vie menée tambour battant, à mille à l’heure. Ce mois-ci, Anne-Virginie lance son livre MIELS, un recueil de recettes, d’hospitalité et une lettre d’amour au miel, et j’ai la chance d’avoir écrit la préface. 

Une enfance forgée dans l’hospitalité

Anne-Virginie est la quatrième génération d’aubergistes, l’hospitalité chez elle est héréditaire! Son arrière grand-mère, venue de France après la deuxième guerre mondiale, s’installe au Lac des Plages, où elle ouvre une auberge qu’elle dirige seule avec son fils. Un lieu de villégiature devenu rapidement un point de rencontre pour les amateurs de motoneige: les jeudis, vendredis et samedis, on y servait jusqu’à 150 clients. Il y avait des buffets à n’en plus finir, des soirées festives, des tartes maison et toujours un air de fête qui flottait.

Petite, Anne-Virginie dormait dans la chambre juste au-dessus de la cuisine. Elle jouait à la cuisinière, à la serveuse et à la suiteuse. Elle aidait à préparer les œufs mimosa, les tartes et les salades de patates. Elle observait sa grand-mère recevoir les clients avec une chaleur instinctive. Son grand-père, chasseur et pêcheur, ramenait des produits de grande qualité pour les convives – d’où son amour du produit. Les repas devenaient des festins, où l’amitié se créait autour de la table. Tout était prétexte à recevoir et profiter de la vie.

C’est dans ce monde-là qu’Anne-Virginie a appris que nourrir les gens, c’est aussi offrir du réconfort, créer des souvenirs, rendre les gens heureux. Ces valeurs — l’accueil, le partage, la générosité — sont devenues son langage et sa marque de commerce. Tout le monde dans son entourage le sait. 

Les premières armes : du pain et du service

À l’adolescence, elle fait ses classes dans la première Boulangerie Première Moisson (!), à Vaudreuil. Son père en est l’architecte, Josée Fiset, une des fondatrices visionnaires,. Anne-Virginie, elle, se lève à quatre heures du matin pour ensacher des pizzas au four à bois. Elle y découvre le bonheur de vendre des croissants, des baguettes, des pâtisseries européennes, d’offrir des jambon-beurre préparés avec soin. L’art de recevoir, encore.

Puis, direction le Château Vaudreuil, un hôtel quatre diamants — ”c’était un big deal à l’époque!”. Elle devient serveuse au grand bar de l’hôtel et lors de banquets gigantesques, s’occupe même de la table d’honneur de Monsieur Saputo. Là, elle goûte à l’adrénaline pure du service : les imprévus, la pression, le chaos organisé. Et elle adore ça, et c’est aussi ainsi qu’elle finance sa maîtrise!

“Quand tes parents sont hippies, choisir la comptabilité, c’est une forme de rébellion.” C’est donc dans cet esprit de contre-courant familial qu’Anne-Virginie devient CPA pour KPMG (!) Toujours la même intensité, toujours cette recherche d’adrénaline, elle travaille sur des mandats qui se terminent à une heure du matin. Elle apprend les chiffres, la gestion, la rigueur — des atouts qu’elle saura transformer en leviers lorsqu’elle deviendra entrepreneure. Pour elle, rien ne doit être  laissé au hasard, et elle mène son​ entreprise en combinant intelligence d’affaire, intelligence émotionnelle et surtout toujours en s’entourant d’humains inspirants.

La rencontre avec Anicet et la naissance d’un projet

En 2000, elle rencontre Anicet Desrochers. Lui, jeune apiculteur, s’apprête à reprendre les ruches de ses parents. Elle, CPA avec le cœur d’une hôte et d’une bâtisseuse, cherche un projet où canaliser son énergie créatrice. Ensemble, ils construisent le début de ce que sera Miels d’Anicet aujourd’hui.

Anicet s’occupe des ruches avec un savoir-faire unique au monde (littéralement) et Anne-Virginie bâtit le côté business. Très vite, elle comprend que ce ne sera pas « juste » du miel. Ce sera une boutique pour accueillir les clients, un lieu vivant, une gamme de produits (savons, baumes, soins corporels avec Mélia dès 2009), un premier livre en 2014, une Cantine exceptionnelle et un show télé! Ouf. 

La Cantine : quand le miel devient gastronomie

La Cantine, c’est l’idée folle de transformer une miellerie en restaurant estival. Quelques tables, des brunchs parfumés au miel, des pizzas de marché, des chefs invités — Marc-Olivier Frappier, Charles-Antoine Crête et Cheryl Johnson, Luca Cianciulli, David Gauthier et Émily Homsy — pour n’en nommer que quelques uns! La cantine, c’est un endroit où tout le monde se sent bien; lors d’un service, certains clients lui témoignent même qu’ils se sentent  « comme chez ta grand-mère ». Chaque été, la Cantine devient une adresse incontournable de la région pour les locaux et les gens de Montréal. 

En parallèle, les Miels d’Anicet explosent en popularité : documentaires, séries télé, une place assumée dans le tourisme gourmand du Québec, produits complémentaires, présence dans les meilleurs restaurants de la province. Anne-Virginie, longtemps dans l’ombre du titre de « restauratrice », finit par l’assumer pleinement. Elle reste la gardienne de la cohésion: ingrédients frais, cuisine saisonnière, valeurs solides, générosité contagieuse.

Signé Vivi : une troisième vie

Anne-Virginie, c’est une battante qui a traversé plusieurs tempêtes, et qui à chaque fois, choisit le bonheur. Avec détermination, elle a entrepris de vendre en 2025, son entreprise Miels d’Anicet à la relève et de se pencher vers de nouveaux défis. 

C’est de ce nouveau chapitre et beaucoup d’enthousiasme qu’est né Signé Vivi. Son nouveau livre, Miel, en est la première grande manifestation! Un projet personnel, lumineux, sincère. Ce livre est une déclaration d’amour : au miel, à la bonne bouffe, mais aussi à tous ceux et celles qui ont marché à ses côtés — amis, collaborateurs, chefs, partenaires de vie et d’affaires. C’est un honneur d’en avoir écrit la préface. 

Les recettes ne sont pas que des recettes. Elles sont habitées par ses souvenirs : les odeurs de tartes de son enfance, les repas collectifs de l’auberge, la générosité de sa grand-mère, les truites et les chevreuils de son grand-père. Elles racontent une philosophie : recevoir comme chez soi, avec sincérité et chaleur. En plus de mettre en valeur des talents exceptionnels à travers des recettes faciles à faire. 

Une visionnaire, une femme de lumière

Anne-Virginie incarne à merveille ce que le Québec a de plus beau : un esprit bon vivant, une hospitalité sincère, une générosité instinctive. Elle est visionnaire, créative, intensément travailleuse, et toujours animée par le désir de bâtir et de recevoir.

Mais elle ne s’arrête pas là. Elle rêve d’être active dans son rôle de préservation des  pour les abeilles , de développement des connaissances du miel, d’autrice d’un livre pour enfants (qui verra bientôt le jour), d’un rôle accru de stratège auprès des PME d’ici et des femmes entrepreneures. Parce qu’accueillir, pour elle, c’est aussi redonner.

J’admire profondément Anne-Virginie. Son parcours est celui d’une femme qui a transformé un héritage familial en une vision moderne, audacieuse et généreuse. Elle a participé à mettre le miel sur la carte du Québec, elle a créé des lieux où les gens se sentent chez eux, elle a bâti, bâti, bâti, sans jamais perdre l’humour, l’amour ni la lumière.

Anne-Virginie est une rêveuse, oui. Mais surtout, une bâtisseuse et ma grande amie. Elle fait arriver les choses. Et moi, je souhaite qu’elle reste dans ma vie pour toujours! 

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Photographié par Daphné Caron

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