Le Charlevoix du chef Émile Tremblay

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« Tu penses pas qu’on devrait aller faire un tour dans Charlevoix ? » 

Au fil des ans, saison après saison, ceux qui n’ont pas la chance d’y habiter se posent toujours cette question. Et généralement, la réponse vient assez vite, les beautés de Charlevoix aidant à prendre une décision qui rend heureux tous les membres de la famille, qu’elle soit limitée à deux personnes ou qu’elle contienne de nombreux membres.

Une personnalité aussi incontournable qu’attachante que l’on risque fort de rencontrer dans Charlevoix se trouve à Baie-Saint-Paul, où il fait le bonheur de tout le monde à son restaurant Buvette gentille. Il s’appelle Émile Tremblay et cuisine des plats à son image, des plats de cœur autant que d’estomac. Natif de Québec avec des ancêtres au Saguenay-Lac-Saint-Jean, il se souvient de dire, tout petit, lorsqu’on lui demandait ce qu’il voulait faire quand il serait grand : « Je veux être chef ! »

Avant d’y arriver, Émile a suivi un riche parcours sur notre planète. Son itinéraire commence à la plonge d’un restaurant de Québec où la patronne le dissuade de poursuivre ses études envisagées pour devenir charpentier et le convainc qu’il a un bel avenir en cuisine s’il se donne la peine de travailler pour faire éclore le talent qu’elle perçoit. Quand vous aurez savouré la cuisine d’ Émile, vous remercierez cette dame, vous aussi. Après ses études à l’École hôtelière de la Capitale, premières armes véritables au Clocher penché où se nouera une belle amitié avec le chef David Forbes, aujourd’hui à la tête du Camp Boule buvette de montagne, excellent restaurant à Petite-Rivière-Saint-François. Puis passages au Saint-Amour et chez Stéphane Modat qui l’encourage à découvrir le monde. Suivent neuf années au restaurant Le Cercle de Québec avec Forbes et exploration dans l’Ouest canadien, en Australie et en Asie.

Enfin arrive Charlevoix. « Avec ma blonde (Andréanne Guay, épatante sommelière), on imaginait ouvrir un Bed & Breakfast quelque part en région. Parce qu’on trouvait la région de Charlevoix particulièrement fascinante, on y venait souvent et un beau jour, notre ami Sylvain Dervieux nous a parlé d’un resto en haut du domaine de Famille Migneron de Charlevoix. On a communiqué avec Maurice Dufour, le propriétaire, et quelques mois plus tard, en juillet 2017, on installait nos poêlons aux Faux Bergers. Trois ans plus tard, on ouvrait la Buvette. »

Depuis, le chef et sa blonde comblent toutes les personnes gourmandes qui passent à Baie-Saint-Paul et apprécient la cuisine, les très bons vins, le service et l’ambiance générale de leur restaurant, au 73, rue Saint-Jean-Baptiste.

Émile en cuisine à la Buvette gentille (photo: Mikael Lebleu)
Émile en cuisine à la Buvette gentille (photo: Mikael Lebleu)

Les coups de coeur d’Émile

« Chef, pourrais-tu nous donner cinq coups de cœur que nous partagerons avec les gourmandes et gourmands qui nous suivent ? » Tout à sa générosité, Émile propose et le cinq de départ se transforme en presqu’une dizaine à l’arrivée et il parle autant sinon plus des gens que des adresses recommandées.

« Je commencerai par un projet que j’ai découverte lors de visites chez Oui Oui Buvette Forestière et à la distillerie et brasserie Menaud. Lancé par Alexandre D’Avignon et Joannie Bélisle, Confit Épicerie-Buvette fonctionne pour le moment en mode pop-up et prévoit ouvrir son propre local au centre-ville de La Malbaie en 2025.

Oui Oui Buvette Forestière occupe le pavillon d’accueil de Territoire Charlevoix (photo: Mikael Lebleu)
Oui Oui Buvette Forestière occupe le pavillon d’accueil de Territoire Charlevoix (photo: Mikael Lebleu)

« Ensuite, bien sûr, il y a ces producteurs qui travaillent à l’année longue et avec qui j’ai autant de plaisir à échanger. Ce sont des gens qui ont compris que, au lieu de se concurrencer, ils gagneraient toutes et tous à s’entraider.

« Lupin fruit est un verger installé dans la municipalité des Éboulements au cœur de l’astroblème de Charlevoix. On y cultive fruits et fleurs adaptés au climat nordique et on peut y passer faire de l’autocueillette de petits fruits. On y trouve aussi certains produits conservés, préparés par la maison : compotée de camerises, framboises et fleurs de sureau, baies d’amélanchier confites au carvi sauvage ou autres tartinades de bleuets sauvages aux fleurs de mélilot et graines de tournesol.

« Toujours aux Éboulements, un duo d’entreprises dont j’admire le travail et apprécie les produits : Le Jardin des chefs qui offre entre autres de magnifiques piments Gorria, la version charlevoisienne et tout aussi délicieuse des piments d’Espelette. À la Ferme Éboulmontaise, Épicentre, dînette fermière propose un menu simple et de bon goût, fruit du travail de Gabrielle Cadieux, Lucie Tremblay et du chef Marc Landry; on y trouve notamment d’excellentes coppa, lonza et porchetta, les propriétaires élevant des porcs Mangalisa, bien connus pour la qualité de leur viande.

Un aperçu du menu de la dinette Épicentre, à la Ferme Éboulmontaise (photo: La Ferme Éboulmontaise)
Un aperçu du menu de la dinette Épicentre, à la Ferme Éboulmontaise (photo: La Ferme Éboulmontaise)

« Parce que le chef et son équipe, en cuisine comme en salle, accomplissent un travail vraiment exceptionnel, le Camp Boule buvette de montagne figure parmi mes endroits favoris ; aller très bien manger au somment du Massif de Charlevoix me semble une activité assez plaisante. Au même titre et pour pas mal les mêmes raisons, à Saint-Irénée, Le Sainti me donne toujours envie de faire un détour sur le chemin des bains.

« À Baie-Saint-Paul, Ève Soulard et Steve Michel tiennent Le Diapason, une maison renouvelée et toujours aussi impeccable. Ils appellent ça “Boutique gourmande et sandwicherie”, mais c’est parce qu’ils sont modestes car on y mange la meilleure poutine en ville, des sandwiches et petits plats parfaits et on peut même s’y procurer de très bons vins en importation privée.

L’attachante équipe du Sainti, à Saint-Irénée (photo: Mikael Lebleu)
L’attachante équipe du Sainti, à Saint-Irénée (photo: Mikael Lebleu)

« Pour finir, sorte de dessert extrêmement sympathique et exemple de résilience et de combativité, Julie Gauthier qui à Saint-Irénée pratique encore la pêche à la fascine, troisième génération sur place à travailler chez Pêcheries Charlevoix, entreprise fondée par le grand-père de Julie. Julie est en quelque sorte une personne fascinante, (je ne suis pas vraiment fier de mon humour, mais je n’ai pas pu résister). Dans sa boutique sur la rive du fleuve, on trouve toutes sortes de délicieux produits en conserve et des choses étonnantes, comme ces boucles d’oreille en ivoire d’esturgeon ! »

Voilà de quoi nous mettre en appétit, merci Émile! Pour encore plus de suggestions dans Charlevoix, consultez aussi la liste de nos adresses coups de coeur et notre guide Le Petit Tastet: Guide gourmand de Charlevoix

Bon appétit et bonne route!

Photo de couverture: © Eva Maude TC



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