Hymie Sckolnick : légende de Montréal
Hymie Sckolnick est le fondateur du célèbre Beautys Luncheonette. Décédé en novembre 2017, il laisse en héritage son restaurant qui est un classique irremplaçable de la métropole. Tastet s’est entretenu en 2016 avec l’homme d’affaires et visionnaire incomparable, qui a oeuvré près de 75 ans dans le milieu de la restauration montréalaise.
Hymie Sckolnick est né en 1921 à Montréal. À 11 ans à peine, le jeune Hymie commence à travailler dans un casse-croûte; « je vendais des petites choses aux gens des usines, j’ai fait ça pendant six ans. » Il travaille ensuite dans une boulangerie modeste où il apprend le métier pendant cinq ans. À 21 ans à peine, Hymie a déjà des années de bonnes petites économies derrière lui et surtout beaucoup d’ambition.
Au début du vingtième siècle, le gros de l’industrie de vêtements dirigée par les Juifs se trouve près des rues Mont-Royal et Saint-Urbain. À cette époque se trouve au croisement de ses rues la papeterie Bancroft, établie en 1891. En 1942, Hymie et sa femme Freda ont l’opportunité d’acheter la papeterie. « Je l’ai payée 500$ ». À l’époque, on y vend des bonbons, des cigarettes et des bougies. Le jeune couple opère l’entreprise. Pourquoi ne pas avoir tout de suite ouvert un restaurant ? « Parce que personne ne mangeait au restaurant à cette époque! »
Pourtant, tranquillement, les Sckolnick commencent à servir de la nourriture aux employés des manufactures voisines. Idée de génie pour l’époque et l’emplacement ! Freda cuisine des plats rapides et savoureux et tout le quartier en veut. En 1968, ils transforment le magasin de bonbons en petit endroit où déjeuner. « J’aime Montréal. Je suis né dans le Plateau, j’aime la diversité de la ville. »
Les clients habitués des Sckolnick apprécient tellement l’offre des jeunes mariés, qu’ils souhaitent venir pendant leurs journées de congé. Le couple d’entrepreneurs répond à la demande des clients et commence à offrir un déjeuner tardif à leur boutique. De là sont nés les fameux brunchs de Beautys ! Freda crée le Special Beautys et le Mishmash, et bientôt toute la ville en veut plus. Notez pourtant qu’encore à ce jour, Hymie Sckolnick préfère déguster le classique Bagel Saumon Fumé qu’il prend avec une tisane à la camomille. « J’essaie de venir tous les jours ; m’assurer qu’on offre de la bonne nourriture et qu’on accueille bien les clients. »
Au cours des années soixante, Larry, le fils unique du couple, se joint au couple derrière le comptoir. Son addition ajoute beaucoup à l’entreprise, c’est d’ailleurs lui qui trouve le nom Beautys Luncheonette. “Beauty’s” vient d’ailleurs du surnom de bowling d’Hymie! Larry fait également le logo du restaurant et la plupart du design de l’entreprise. Maintenant sa petite fille Elena travaille également dans l’entreprise familiale avec son père et son grand-père.
En 1978, Beautys Luncheonette est découvert par quelqu’un de la télévision et passe en ondes. « À partir de ce moment, on est réellement devenus occupés! » La réputation de Beautys commence à dépasser les frontières et des clients du monde entier viennent y apprécier un petit déjeuner classique de Montréal et l’hospitalité unique de l’établissement.
« On m’a souvent proposé de faire une chaîne, une franchise, mais j’ai toujours dis non. Je voulais une petite opération, un restaurant bien fait. Je suis tellement fier de tout ici; on essaie simplement de servir le meilleur, tout le temps. » (rires) Après 70 ans, Beautys Luncheonette continue de servir un classique montréalais irremplaçable.
Le célèbre restaurant offre maintenant également la vente en ligne de ses produits pour les gens d’à travers le monde. « Mais la réception et l’accueil, c’est ce qui fait qu’une entreprise fonctionne. La clé de la réussite est le service à la clientèle ; tu dois satisfaire tes clients, tu dois être gentil avec eux. It doesn’t cost anything to be nice. Le patron doit être là et s’occuper de ses clients. Il doit être heureux d’être là. Ça fait 74 ans que je travaille! Si je peux te donner un conseil, it is that you get nothing for nothing; you get what you work for.”
Merci Hymie Sckolnick pour toutes ces années de très bons petits déjeuners classiques !
Écrit par Élise Tastet