Emilie Madeleine : l’Italienne de cœur aux pâtes extraordinaires

Emilie Madeleine a grandi dans une maison où la cuisine était un langage d’amour. Son père, fidèle à son rituel du vendredi soir, préparait des pizzas maison pour toute la famille. Sa mère, toujours prête à recevoir, transformait chaque repas en célébration. « On cuisinait ensemble, on recevait, on partageait. C’était un mode de vie. »
Native des Cantons-de-l’Est et Montréalaise depuis 25 ans, Emilie est 100 % québécoise, mais l’Italie coule dans ses veines; c’est une italienne de cœur! Ce pays, elle l’a d’abord connu à travers les histoires de ses parents, leurs voyages, leur amour des pâtes, des pizzas, du vin et du mode de vie méditerranéen. Puis un jour, elle s’y est reconnue, profondément.
Avant la pandémie, Emilie travaillait dans le milieu des communications et du marketing. D’abord chez TVA, puis chez Bicom, elle est devenue le bras droit de la fantastique entrepreneure Vicky Boudreau. Emilie aidait en développement des affaires, puis en 2020, tout s’arrête. Le confinement devient un moment charnière et elle donne un coup de main au mari de Vicky avec son agence de branding. Elle passe ses journées sur Zoom, et entre deux meetings… elle se met à faire des pâtes!
Une passion qui mijote depuis longtemps
Inspirée par le livre L’éloge de la lenteur de Carl Honoré, Emilie commence à repenser sa vie autour du concept de slow food. Elle se donne comme défi d’apprendre le plus de formes de pâtes possible. Elle étudie des encyclopédies italiennes, visionne des vidéos en ligne, s’équipe, achète des congélateurs et profite du camion réfrigéré de son père, déjà dans le domaine alimentaire. Elle lance ensuite le compte Instagram ItsOnlyPasta, une micro-entreprise artisanale de livraisons de pâtes maison, et le bouche-à-oreille fait rapidement son effet!
Pendant que certains attendent la « fin de la pandémie », Emilie se pose une autre question : Et si c’était le début de quelque chose ? Elle quitte son emploi. « Quand mes patrons m’ont demandé si j’allais être correcte, j’ai répondu : je suis good. Quand une passion devient trop grande, elle déborde. Et elle t’amène ailleurs. Et c’est magique. »
Emilie Madeleine, la reine des pâtes
Peu après, le restaurant Mano Cornuto l’approche pour un poste de pastaia. Ils avaient déjà un pasta chef à ce moment-là et Emilie trouve que c’est une belle opportunité de prendre du galon dans un restaurant et de se perfectionner. Cependant, ils lui proposent rapidement de prendre les rênes de la section pâtes, rôle clé dans un établissement où les pâtes sont au cœur de l’offre. Et Emilie devient la reine des pâtes!
Trois ans plus tard, elle y est toujours. « Le Mano, c’est un playground. Je continue d’apprendre tous les jours. On travaille dans une cuisine ouverte, c’est vivant, réactif, et il y a un vrai échange avec les clients. J’adore ça! »
Apprendre, partager, transmettre
Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est transmettre. Lorsqu’elle livrait ses pâtes maison avec son compte Instagram, les gens lui demandaient comment les cuisiner, quelle sauce choisir, d’où venait telle forme. « Il y a quelque chose de contagieux dans la pâte. C’est convivial, artisanal, rassembleur, vivant! » Elle a d’ailleurs une page Substack où elle commence à partager des recettes et des techniques pour que les gens puissent faire des pâtes à la maison. “Ça s’appelle Carbonara Club!”
Ce qui rend Emilie Madeleine attachante, c’est son désir sincère de partager sa passion avec les autres. Pour elle, les pâtes ne sont pas qu’un plat — ce sont des histoires à raconter, des gestes à transmettre, des moments à vivre. Elle parle des raviolis comme d’un canevas infini : selon la sauce, l’occasion, la saison, tout peut changer. Il y a quelque chose de profondément contagieux dans son enthousiasme, un plaisir simple et joyeux qui rassemble. Loin des chaînes industrielles, Emilie valorise le fait-main, le vrai, ce qui connecte. « Le fulfillment que j’ai trouvé à faire quelque chose de mes mains, je ne pense pas que j’aurais pu le vivre autrement. » C’est ce lien humain, cette proximité, cette chaleur autour d’un savoir-faire qu’elle souhaite continuer à faire rayonner.
Elle rêve aujourd’hui de développer une plateforme — physique ou en ligne — pour enseigner cet art. Des ateliers, des cours, peut-être même pour enfants. Elle imagine des Pasta Workshops chaleureux, ludiques, ancrés dans le plaisir de faire de ses mains. « C’est valorisant d’apprendre quelque chose avec sa passion, encore plus quand on peut le partager. »
Top 5 des pâtes d’Emilie Madeleine :
- Ravioli (fromage ou épinards) – « Délicat, réconfortant. »
- Chitarra – « Un spaghetti carré qui a du caractère. »
- Paccheri – « Parfait pour un ragù classique, j’adore sa texture. »
- Gnochetti sardi – « Une petite pâte que j’aime bien travailler. »
- Tortellini – « Parce que c’est toujours bon. »
Aujourd’hui, Emilie veut continuer à apprendre, à voyager, à aller en Italie pour s’immerger dans les origines de sa passion. Elle se voit explorer les variations régionales, découvrir les ingrédients à la source, et rapporter tout ça… pour mieux le transmettre.
Le top des pâtes à Montréal selon Emilie Madeleine
Quand elle ne pétrit pas la pâte elle-même, Emilie aime découvrir ce que d’autres font avec autant de passion et de précision qu’elle. Voici ses adresses préférées pour savourer de délicieuses pâtes à Montréal :
Pasta Pooks – Pour la maîtrise technique et l’amour profond des traditions italiennes. « Une des seules autres personnes à Montréal aussi obsédée que moi par les pâtes. »
Luciano Trattoria – « Un service attentionné, des classiques bien faits, et une ambiance conviviale où on a envie de s’attarder. »
Moccione – « Une approche contemporaine mais respectueuse des racines italiennes, j’adore leur créativité. »
Gia – « Un bel équilibre entre l’ambiance, la qualité des produits et des assiettes bien ficelées. »
Knuckles – « Un côté plus décontracté, mais toujours savoureux. J’aime beaucoup leur esprit. »
Impasto – « Une institution pour moi. Le travail de Michele Forgione est une grande inspiration. »
Ce qui rend le parcours d’Emilie Madeleine particulièrement inspirant, c’est le courage avec lequel elle a choisi de réorienter sa vie qui pouvait avoir l’air confortable. Alors qu’elle occupait un poste stable, bien établi et valorisé dans une agence reconnue, elle a écouté cette petite voix — celle de la passion, du plaisir de créer, du besoin de sens. Son histoire rappelle que changer de voie n’est pas un échec, mais une évolution naturelle quand on est à l’écoute de soi. Poursuivre un rêve, même s’il semble artisanal, incertain ou atypique, peut mener à une vie plus alignée, plus vivante. Et surtout, cela montre qu’il n’est jamais trop tard pour recommencer — ou plutôt, pour commencer enfin ce qui nous fait rêver. Parce qu’au fond, faire des pâtes, c’est raconter des histoires délicieuses!
Écrit par Élise Tastet