Charlevoix au temps des récoltes

Présenté par
Michel Pednault de Cidrerie et Vergers Pednault

Quoi de mieux pour comprendre l’une des plus belles régions du Québec que d’entamer le dialogue avec trois producteurs de fruits, de fleurs et de légumes. Michel de la Cidrerie et Vergers Pedneault de l’Isle-aux-Coudres a su lier l’amour et la pomme. Marie-Odile de Lupin Fruit explique le renouveau des producteurs de la région, tandis que Stéphanie des Jardins du Centre décrypte le mystère de la pomme de terre bleue.  

« La préparation aux récoltes débute au printemps », explique joyeusement Michel Pedneault. « Tout de suite au réveil de la nature, on taille les pommiers, on fait les arrosages pour ainsi éviter la tavelure. »  

La tavelure est le pire ennemi du pommier et elle se manifeste par des tâches noires sur les feuilles des arbres qui vont éventuellement se transposer sur les fruits et affecter le rendement de l’arbre et le rendre malade. Il faut prévenir.

Le verger de la famille Pedneault compte quelque 5 000 pommiers et 3 000 arbres fruitiers (poiriers, pruniers, cerisiers, amélanchiers). On y produit presque 125 000 kilos de pommes annuellement!

Si on peut y faire l’autocueillette depuis toujours, celle-ci ne représente qu’une petite partie des récoltes. La grande majorité des fruits sont plutôt destinés à la production de cidres et d’autres produits transformés.

Michel Pedneault surveille la production de cidres (photo: Cidrerie et Vergers Pedneault)
Michel Pedneault surveille la production de cidres (photo: Cidrerie et Vergers Pedneault)

 

Des produits raffinés

En 1998, le verger est devenu la Cidrerie et Vergers Pedneault et s’est mis à la production de cidres et autres produits issus de la pomme et des petits fruits.  

Un produit-phare comme Dame Prune, un cidre aromatisé à la prune, peut facilement demander un an et demi de travail et d’entreposage.   

« Si Julie, ma conjointe, n’avait pas été à mes côtés, je n’aurais pas réussi à transformer le verger en cidrerie. Beaucoup de cette réussite lui revient », confie Michel.

La cidrerie Pedneault a donc marié la pomme et l’amour.

 

Un laboratoire des curiosités

Pas très loin de l’Isle-aux-Coudres, dans la chatoyante municipalité des Éboulements, se trouve un jardin des merveilles qui s’est donné pour mission de mettre en lumière les variétés méconnues de notre terroir : Lupin Fruit.

L’entreprise est née dans la tête du duo d’agronomes Cécile Allard et Pierre Tremblay et a comme mission de mettre en valeur certaines variétés moins connues de fruits de notre terroir.

« Nous sommes un verger de fruits et de fleurs. Les récoltes à venir sont le sureau, les framboises d’automne et aussi une variété de fruits nommés cherry-plum (ndlr : myrobolan, aussi nommés prunier-cerise) », explique la dynamique Marie-Odile Belhomme-Hébert, responsable des fruits et des fleurs chez Lupin Fruit. « C’est un hybride entre cerisier des sables et prunier. Nos fleurs seront quant à elle récoltées jusqu’à la fin du mois d’octobre. »

Dès le début de l’entretien, la curiosité est mise en éveil. On a tout de suite envie d’en savoir plus sur cette ferme, nichée au cœur de l’astroblème de Charlevoix, l’un des cratères météoritiques les mieux préservés et le onzième plus grand au monde!  

« La vibe sur les terres est vraiment super agréable », poursuit la jeune jardinière. « Nous travaillons entre le fleuve et le mont des Éboulements. En ce moment, on est à temps plein avec Cécile et Pierre et quelques personnes venues en renfort. »

Marie-Odile Belhomme-Hébert est responsable des fruits et des fleurs chez Lupin Fruit (photo: Lupin Fruit)
Marie-Odile Belhomme-Hébert est responsable des fruits et des fleurs chez Lupin Fruit (photo: Lupin Fruit)

 

Un travail avec les restaurateurs et les producteurs de la région

On remarque en discutant avec la jeune femme que la région connaît un renouveau de son offre maraîchère et que beaucoup de gens viennent s’exiler dans ses terres pour y pratiquer une culture agricole nouvelle et inspirante.  

« Charlevoix est vraiment dynamique pour l’agriculture », explique la jeune femme, inspirée. « Non seulement nous collaborons avec les chefs, mais aussi avec les autres maraîchers. Nous nous sommes ralliés pour créer une offre plurielle. Ainsi, nous sommes plus forts et nos produits résonnent. »

La ferme produit aussi des camerises, du cassis, de l’aronia, des framboises, des cerises griottes et de l’argouse. On y pratique l’autocueillette dans une formule 2/3 à laisser sur place et 1/3 à emporter. « L’objectif de l’autocueillette est de rendre tout cela accessible car beaucoup de gens n’ont pas les moyens de s’acheter des fruits biologiques », précise la maraîchère. « Ces cueilleurs font aussi partie intégrante de notre équipe en tant que bénévoles et ils sont même assurés en cas de souci sur les terres. »

 

La saison bat son plein

Notre dernier arrêt de ce circuit des récoltes charlevoisiennes nous amène chez le vétéran du trio : Les Jardins du Centre.  

Stéphanie Pilote fait partie de la quatrième génération de producteurs maraîchers travaillant sur cette terre à la vue époustouflante, située sur le plateau des Éboulements centre, qui borde le fleuve Saint-Laurent.  

« Nous sommes en ce moment en pleine récolte de maïs », explique la cultivatrice. « La saison bat son plein, une dizaine de personnes travaillent à temps plein. La saison des courges et des citrouilles va suivre. » 

La ferme maraîchère est en ce temps des récoltes en pleine production pour son épicerie du terroir. « C’est le moment de la récolte des tomates, donc nous cuisinons beaucoup de ketchups verts et de ketchups aux fruits. Nos tartes sont aussi hypers populaires : tartes aux fruits, tartes aux pommes et tartes aux fraises et rhubarbe. »

Stéphanie Pilote en pleine saison des courges aux Jardins du Centre (photo: Les Jardins du Centre)
Stéphanie Pilote en pleine saison des courges aux Jardins du Centre (photo: Les Jardins du Centre)

 

Des haricots qui sentent la mer

Les Jardins du Centre sont reconnus pour leurs variétés de légumes bien particuliers.

« Ça fait une trentaine d’années que nous cultivons la betterave jaune, la betterave chioggia, la carotte jaune et la pomme de terre bleue », poursuit Stéphanie Pilote. « Celle-ci sera récoltée vers la fin septembre, début octobre. Ce sont des variétés anciennes de tubercules qui étaient cultivées par les Autochtones et qui ont été délaissées car elles produisent moins. »

Cette façon de cultiver des légumes plus rares vise aussi à éduquer le grand public sur des variétés indigènes; et cela ravit les chefs et met de la couleur dans leurs assiettes!

« Le microclimat propre à la région et notre voisinage avec le fleuve Saint-Laurent donne aussi un goût particulier à nos légumes et à nos fruits », explique la maraîchère. « Certains de nos clients retrouvent même le goût de la mer dans nos haricots! »

À noter que l’autocueillette aux Jardins du Centre est principalement destinée aux petits fruits (framboises, mûres et bleuets). Elle a lieu de la mi-juillet à octobre. Suivent les courges et les citrouilles en octobre.  

Bonne saison des récoltes à tous!!!

Retrouvez ces trois adresses ainsi qu’une foule d’autres suggestions gourmandes dans notre guide Le petit Tastet: Guide gourmand de Charlevoix.


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