Bar Luz : l’intimiste petit frère du Alma

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Juste à côté du Alma, à Outremont, Bar Luz ouvre un nouveau chapitre plus intime, plus feutré, dans l’univers de la sommelière Lindsay Brennan et du chef Juan Lopez Luna. Pensé comme une fonda fina, le lieu rend hommage aux maisons de tous les jours au Mexique, à cette cuisine de mémoire transmise par les matriarches, et à une idée simple de l’hospitalité : recevoir comme à la maison, avec précision et chaleur.

Ici, tout repart du maïs ancestral, importé en direct de petits producteurs du Mexique. On nixtamalise et on moud chaque nuit pour une masa fraîche au quotidien; les tortillas, pressées à la main minute, cuisent sur des comales en terre cuite. Ce geste, répété comme un rituel, donne le ton : Bar Luz parle de techniques anciennes (nixtamalisation, mextlapique, fermentation, cuisson au feu, broyage à la pierre) et de produits d’ici, apprêtés avec la justesse d’une haute cuisine qui ne se regarde pas dans le miroir.

Dans l’assiette, on retrouve l’âme des taquerías et fondas de Mexico, relue avec la saison québécoise : tortillas chaudes, tacos francs, salsas profondes, viandes braisées qui fondent, poissons entiers au charbon. C’est une cuisine qui parle bas mais droit, nourrie par les souvenirs d’enfance de Juan, notamment ceux de son abuela, et par une équipe qui connaît la mesure et le feu. En dessert, la signature de Mauricio Nuñez Infante convoque précision et nostalgie, avec ce tact qui clôt un repas sans l’alourdir. Dans le même local qui abritait autrefois Tinc Set (fermé pour laisser place à Bar Luz) on retrouve les fameux churros, délicieux clin d’œil à l’ancienne vocation des lieux.

Au verre, on suit la boussole de Lindsay Brennan : vins naturels d’Espagne et du Mexique, spiritueux d’agave choisis, cocktails tirés de jus frais et de piments (palomas au chile morita, micheladas au Clamato maison), et une offre sans alcool soignée. L’accord est moins un exercice qu’une conversation : on cherche l’évidence, pas l’esbroufe.

Le décor raconte la même histoire en sourdine : murs anthracite, textures naturelles, matières venues d’Oaxaca et de Mexico, vaisselle 1050 Grados, luminaires dessinés avec Atelier Fomenta et la céramiste Emma Larocque, pièce Faro du Studio Botté, mobilier La Metropolitana. La lumière — Luz — glisse sur les surfaces, apprivoise le noir, installe une sérénité presque méditative. Plus la nuit tombe, plus le lieu se révèle.

Bar Luz, c’est une vingtaine de places seulement, une carte à la commande, un service du mercredi au samedi dès 17 h (réservation vivement conseillée). À l’automne, après la fermeture du taqueria estival Terraza Luz, la maison annoncera un brunch mexicain centré sur ses fameux tacos.

On y va pour une cuisine mexicaine de mémoire vive, un maïs traité avec respect, des assiettes précises et une salle qui respire l’attention. On y revient parce que le geste est net, l’expérience cohérente, et que cette lumière-là fait du bien.


Photographié par Alison Slattery





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