Christine Plante : la communicatrice rassembleuse de l’industrie de la gastronomie québécoise

christine plante portrait les lauriers

Christine Plante est la fondatrice du gala des Lauriers de la Gastronomie Québécoise. Grande passionnée de bonne bouffe, elle contribue aujourd’hui au rayonnement national et international de la culture culinaire québécoise. Portrait d’une communicatrice dynamique et passionnée !

Un naturel pour la gastronomie

Petite, Christine avait déjà un penchant pour la gastronomie. « Je me rappelle, à mes 12 ans, j’avais invité tous mes amis chez moi et j’avais tout planifié le menu dans les moindres détails ! On était allées aux quatre coins de la ville pour aller chercher mes frites favorites, au Frites Alors !, des souvlakis et des meringues à la crème fouettée ! (rires) Côté bouffe, j’étais la plus difficile de ma famille ; j’ai annoncé à ma mère que je ne tripais pas sur les sandwichs dans les lunchs… en maternelle ! Aujourd’hui, ce côté-là de moi se traduit par un côté toujours aussi fine bouche ! »

En grandissant, Christine se découvre une passion pour les communications. Après plusieurs années de théâtre, elle se dirige vers l’Université du Québec à Montréal (UQAM) pour étudier dans le domaine jusqu’en 2004, avant d’y travailler durant plusieurs années. « À mes débuts, j’ai accumulé beaucoup d’expérience dans les médias, dans la publicité et en création de contenus ; c’était vraiment bien et j’ai appris beaucoup. Mais, au fil des années, je sentais le besoin de m’impliquer davantage d’un point de vue social. »

Un voyage initiatique

En 2012, Christine a besoin de changement. Elle fait son dernier pitch pour la grande compagnie pour laquelle elle travaillait et part, deux jours plus tard, pour un voyage de six mois en Inde et en Asie avec son amoureux. Voyage qui agira comme véritable point pivot dans sa vie. « Pour planifier ce périple, j’ai été beaucoup inspirée par Anthony Bourdain. Quand on dit qu’il a changé des trajectoires, c’est vraiment le cas pour moi ! Il m’a guidée durant ce voyage et je me suis mise à écrire à propos de gastronomie. J’ai publié un blogue tout au long de l’aventure, ça s’appelait « Gougounes et pepto-bismol ! » (rires). On a choisi évidemment des destinations réputées pour leur scène culinaire exceptionnelle. Ç’a été un voyage initiatique absolument incroyable, j’en suis revenue beaucoup plus libre. »

À la suite du succès de son blogue, à son retour de voyage en 2013, Christine décide de poursuivre sur cette lancée et de fonder un webzine intitulé Street Cuisine, alliant réellement ses deux passions : les communications et la bonne bouffe. « La cuisine de rue faisait son émergence à Montréal et j’avais envie de m’impliquer dans sa croissance. Pendant un été, toutes les deux semaines, je publiais des reportages portant sur l’histoire des camions de rue montréalais, allant de celui du Pied de Cochon jusqu’à celui de Monsieur Crémeux. On a passé un été supergourmand ! »

La popularité et l’originalité de son webzine la mèneront, en 2014, à publier ces reportages sous forme de livre, grâce à Édito, la branche québécoise de la maison d’édition Gallimard. Cette sortie de livre, qui coïncidait avec l’accouchement de son fils, la catapulte dans le milieu de la gastronomie montréalaise. En effet, pendant les années qui suivent, elle siège sur des comités gourmands, s’implique du côté de l’attribution des permis aux camions de cuisine de rue, et écrit des articles pour divers médias dont Nightlife et Caribou. Elle perfectionne également son savoir grâce aux Food Studies, qu’elle explore dans le cadre d’un certificat en pratiques socioculturelles de la gastronomie à l’UQAM. Jusqu’à ce qu’elle ait, en 2016, une idée qui conjuguera à merveille ses passions pour la nourriture et pour les communications : celle d’organiser un tout premier gala de la gastronomie québécoise.

L’aventure du gala Les Lauriers

Le projet Les Lauriers a tout d’abord germé en raison d’une position bien claire dans l’esprit de Christine : celle que la gastronomie fait partie de la culture. Cela peut paraître anodin, mais considérer la gastronomie au même titre que la musique, le cinéma ou l’humour n’était pas si évident il y a quelques années. « Ça fait seulement 10 ans que la gastronomie a fait son entrée dans le patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. » C’est la genèse d’un petit flash qui a pris beaucoup d’ampleur aujourd’hui !

Au cours des trois dernières années, Christine a rassemblé beaucoup de monde et beaucoup d’instances et d’entreprises autour de ce projet collectif. En commençant par Michelle Labarre, sa complice et cofondatrice, qu’elle a convaincue d’embarquer dès les premiers mois de l’initiative et qui a participé activement à la genèse du projet. Avec Michelle, Christine se lance donc dans l’organisation de cette première grande célébration de la gastronomie québécoise. « Pour nous, la pertinence première des Lauriers, c’était de créer un événement de rassemblement pour cette grande famille, comme c’est déjà le cas lors du Gala de l’ADISQ, ou des Oscars ! »

Au cours de l’organisation de la toute première édition des Lauriers, en 2018, Christine rencontre de nombreux défis, dont celui de créer un système de sélection juste, éthique, et transparent. « En sondant les gens avant la première édition, on a réalisé l’importance d’avoir un système de reconnaissance fort et bien conçu. Il ne fallait pas, par exemple, que les gagnants soient choisis simplement à partir de votes sur Facebook ; ou encore que tous les membres du jury soient aussi les grands gagnants du palmarès. Il fallait qu’on développe une éthique forte qui serait la colonne vertébrale du gala. »

Et c’est la première chose qui a été élaborée pour fonder Les Lauriers. D’abord, en créant un comité éthique responsable de la rédaction du règlement du gala, rassemblant des personnes compétentes et reconnues, allant de Gaelle Cerf (Grumman’78) qui a beaucoup participé à la rédaction du règlement et du développement du projet, à Marie-Claude Lortie (La Presse), Liza Frulla (ITHQ), Marc-André Jetté (chef propriétaire du restaurant Hoogan et Beaufort et de Marc-André Le Traiteur) à Geneviève Vézina Montplaisir (Caribou). La sélection des finalistes des lauréats annuels repose à la fois sur les votes d’un jury qui se retire de la course afin d’en assurer l’impartialité, et sur les votes pondérés d’une brigade composée de plus de 3 500 membres issus du milieu de la gastronomie. Les lauréats sont ainsi choisis afin de bien représenter l’opinion de l’ensemble de l’industrie québécoise. Afin d’intéresser également le grand public aux talents gastronomiques d’ici, toutes et tous ont l’opportunité de se prononcer dans la catégorie Laurier du Public, qui permet d’élire la personnalité québécoise de l’année.

Une reconnaissance réelle pour le milieu

« Au-delà de faire la fête, il y a une réelle pertinence à ressembler tous ces gens issus du milieu de la gastronomie québécoise. Qu’ils soient sommeliers, chefs ou producteurs, le but est de mettre tout le monde en commun, dans l’esprit de la ferme à la table, parce que c’est important de se célébrer ! Les gens de l’industrie travaillent de longues heures, sans toucher des salaires pharamineux, et carburent souvent à la passion. C’est d’autant plus important de pouvoir avoir une grande soirée où on prend tous une pause pour lâcher son fou ! » souligne-t-elle.

À l’aube de son deuxième anniversaire, le gala des Lauriers confirme déjà toute sa pertinence quant à la reconnaissance de la gastronomie québécoise. En effet, les retombées ont été significatives pour bien des gagnantes et gagnants, dont Colombe St-Pierre, nommée cheffe de l’année en 2018. « On a constaté à quel point une telle reconnaissance de l’industrie a un impact réel le tourisme gourmand. Après Les Lauriers, Colombe est passée à Tout le monde en parle, puis a passé un été complètement loadé à son restaurant. Quelques mois plus tard, elle en est même devenue propriétaire ! C’est incroyable comment ça a créé une affluence de visiteurs dans la région de Rimouski. »

C’est en effet un des plus beaux aspects de ce gala : celui de mettre de l’avant le travail de bien des gens qui travaillent dans l’ombre, en récompensant les petits producteurs et les restaurateurs, qu’ils soient en région ou en ville. 

Le 29 avril prochain, Les Lauriers de la Gastronomie Québécoise célébreront à nouveau la richesse des talents que l’on trouve sur notre superbe territoire. Un hommage à une industrie qui enrichit constamment notre identité culturelle et qui, selon nous, mérite une grande célébration !

Merci Christine pour ton travail, ta détermination et ton implication.

Bon gala des Lauriers !


Photographié par Alison Slattery

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