10 choses à savoir sur Jehane Benoit

Jehane Benoit: la grande dame de la cuisine québécoise et canadienne

Jehane Benoit : la grande dame de la cuisine québécoise et canadienne!

Votre grand-mère ou votre mère vous ont probablement déjà parlé de cette chère dame qui avait tant de charisme et de cran à la télévision. Une femme de carrière qui a repoussé les normes d’une société qui laissait peu de place aux femmes sur le marché du travail.

Jehane Benoit était cuisinière, professeur, écrivaine, gastronome, animatrice de radio et de télévision et conférencière. Elle est devenue une pionnière de la cuisine québécoise. Pour cette dame, la cuisine était un art, une identité sociale propre à chaque culture : « la cuisine d’un pays témoigne de sa géographie, de son histoire, de l’ingéniosité gourmande de son peuple et de ses atavismes » — Jehane Benoit, l’encyclopédie de la cuisine canadienne, 1963. Elle a enseigné le savoir-faire et le savoir-vivre culinaire à plusieurs générations de Québécois (es).

À l’époque, nombreux affirmaient que le Québec et le Canada n’avaient aucune identité gastronomique forte et complexe, dû entre autres, a notre court bagage historique. Jehane, à travers ses ouvrages et ses conférences, a tranquillement déconstruit cette idée. Elle a fait de multiples recherches et voyages partout au Canada pour comprendre et analyser les traditions culinaires qui forgent notre identité et notre patrimoine gastronomique.

Née le 21 mars 1904 à Montréal, Jehane Patenaude (nom de jeune fille), fille d’un banquier, a vécu dans un milieu aisé. Ainée de la famille, elle a reçu la même éducation que les jeunes garçons de son époque! Malgré un contexte social où la femme devait se marier jeune et fonder une famille rapidement, elle désirait travailler toute sa vie et réaliser ses rêves. Le mariage n’était pas une priorité pour elle : elle a suivi des cours de cuisine à Paris, puis a ouvert son école de cuisine et son propre restaurant! Après quelques années à travailler dans le milieu et publier quelques livres, elle est devenue une vedette du petit écran et de la radio avec ses nombreuses émissions de cuisines comme Femmes d’aujourd’hui, Bonjour Madame, The Young Chiefs et Take 30. Auteure de plus d’une trentaine d’ouvrages, elle a entre autres été honorée par l’Ordre du Canada, en 1973. C’est une grande femme de chez nous qu’on admire beaucoup — pour sa persévérance, sa détermination, son courage et son héritage culinaire.

Voici 10 choses à savoir sur cette charmante dame :

1. Jehane Benoit a été la première à écrire une encyclopédie sur la cuisine canadienne. L’encyclopédie de la cuisine canadienne a été publiée en 1963 au Québec et, deux ans plus tard, elle a été traduite en anglais dans le pays entier. Cet ouvrage vendu à plus d’un million exemplaires a marqué plusieurs générations; on l’offrait aux jeunes mariés comme cadeau de mariage! C’était un outil indispensable dans les années 60-70, et qui même encore aujourd’hui, a été réédité plusieurs fois et est consulté.

2. Elle a ouvert un des premiers restaurants végétariens à Montréal dans les années 30 : The Salad Bar. Cette formule était ultra moderne à l’époque : les gens se servaient eux-mêmes, l’ambiance était des plus conviviales et on y servait de la nourriture saine, santé et végé.

3. Elle était une pionnière de la cuisine des produits du terroir — déjà à son époque, cette grande dame cuisinait effectivement avec des produits locaux et de saison. Elle mettait l’accent sur cet aspect essentiel de la cuisine : les gens devaient cuisiner avec ce qui était disponible chez nous.

4. Jehane avait une dizaine de micro-ondes chez elle! Vers les années 80, elle travaillait avec la compagnie Panasonic pour la promotion des micro-ondes. Elle a travaillé pendant plusieurs années sur des recettes pour la « cuisine aux micro-ondes » et publié plusieurs livres sur le sujet — de la grande gastronomie (rires). Elle voulait rassurer les gens de la « sécurité » de ses nouveaux outils, car à l’époque les gens croyaient qu’ils étaient extrêmement dangereux pour leur santé.

5. Elle a fondé une des premières écoles de cuisine laïque et bilingue à Montréal : Le Fumet de la vieille France. Elle a travaillé très dur pour faire connaitre son école, car le milieu de l’éducation était réservé aux religieuses. Elle voulait transmettre les connaissances qu’elle avait apprises lors de ses années d’études à Paris.

6. Son mari Bernard Benoit et elle possédaient une bergerie, Noirmouton, dans les Cantons-de-l’Est et ont été parmi les premiers à cuisiner l’agneau et à en vendre les mérites. Elle a transformé sa prairie pour y planter des légumes, herbes, fruits et y élever des agneaux. Elle recevait régulièrement des équipes de tournages de Radio-Canada pour leur préparer à manger.

7. Elle était diplômée de la Sorbonne en chimie alimentaire. Son père lui a permis de suivre des études supérieures pour qu’elle ait une bonne éducation. De plus, elle refusait de se plier aux conventions et renoncer à sa liberté. Elle n’avait qu’un objectif : travailler toute sa vie.

8. Notre Jehane voulait devenir comédienne : lorsqu’elle a étudié à la Sorbonne, secrètement, elle a suivi des cours de théâtre, mais très vite, elle a abandonné cette idée et s’est concentrée sur la chimie alimentaire.

9. Elle a été une des premières à faire des émissions de cuisine à la télévision! Dans les premières années de la télévision au Canada, on retrouvait peu d’émissions culinaires, seulement quelques reportages sur l’art de vivre. Lorsque Jehane Benoit a fait son apparition au petit écran, elle a été la première à véritablement enseigner la cuisine. Son visage était connu un peu partout dans le pays; elle a ouvert la voie à ce qu’on connait aujourd’hui des grandes émissions de cuisines.

10. Son plat phare est une recette… d’écureuil! De l’écureuil? Oui. Jamais nous n’aurions pensé à cuisiner cette viande à l’époque.  Une belle façon de démocratiser une viande peu connue, de valoriser les ressources disponibles et de diminuer le gaspillage alimentaire. Martin picard a d’ailleurs une recette d’écureuil dans son livre Cabane à sucre Au Pied de Cochon.

Hommage à une grande femme — merci à Jehane pour tout.


Photographié par André Le Coz

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