Anabelle Berkani : le génie derrière Iconoglace
Emblème de l’été, l’Iconoglace des rues Bélanger et Laurier attire les foules du midi jusqu’au soir. Aux origines de ce bar laitier unique en son genre se cache une grande artiste aux multiples talents. Pas étonnant que ses glaces soient belles et si bonnes.
En effet, Anabelle Berkani est une spécialiste de l’image, une assistante-réalisatrice plus précisément. Elle a travaillé pendant plus de 20 ans sur toutes sortes de plateaux de tournage, des grosses productions américaines, comme la série X-Men, à la publicité. « Ce n’est pas un milieu que tout le monde aime, la pub, mais j’ai trouvé des gens avec qui j’aimais travailler, raconte-t-elle. C’est très méticuleux comme travail, un peu comme Iconoglace. Je veux que le morceau de gâteau soit placé d’une certaine façon, j’envoie même des vidéos à mes employés pour leur montrer comment monter les nouveaux sundaes. »
Le secret est dans la pub
Visiblement, la publicité a marqué le parcours d’Anabelle au point d’être en partie responsable du succès de ses bars laitiers. Comme elle le constate, oui, ses créations glacées se retrouvent rapidement sur Instagram. Mais, les clients reviennent. C’est donc signe que l’image n’est pas le seul ingrédient de sa recette gagnante.
Dès le départ, la passion d’Anabelle pour la cuisine est l’élément de base de son entreprise. Cela a aussi été un obstacle au moment de faire le saut en restauration. « C’est clair que je ne voulais pas être ouverte à l’année, dit-elle. Mon père a eu un restaurant. Je me suis donc vite tournée vers la crèmerie. »
Inspirée par ses nombreux voyages, elle s’est rendu compte qu’il manquait le côté « bar laitier maison » à Montréal. « On était bon dans la crème glacée, mais le sundae, banana split, et tout ça, ça manquait » ajoute-t-elle.
Avant même d’apprendre à faire de la crème glacée, elle acquiert son local, anciennement la crèmerie Chez Rachid, rue Beaubien, où est situé la première adresse d’Iconoglace. L’idée est surtout d’apprendre à gérer une entreprise, à cette étape-ci. « Par la suite, j’ai suivi des formations de fabrication de crème glacée à Guelph en Ontario et au Wisconsin, ajoute-t-elle. Mais moi, je voulais vraiment faire la crème molle végane, je voyais qu’il avait un marché pour ça, mais il fallait que ce soit bon. Dans les cours, cependant, ils sont en retard à ce niveau-là, ils tiennent vraiment aux produits laitiers. »
Pourtant, le jour où Anabelle sort sa première glace végane à la framboise, alors qu’elle est seule en cuisine, le succès est instantané. À voir les files d’attente constantes, tout porte à croire que le bouche à oreille a fait son effet, parce que c’est bon justement. À dire vrai, les amateurs de glaces véganes d’Iconoglace ne sont pas tous végétaliens. Si bien qu’aujourd’hui, les crèmes molles véganes représentent la moitié du volume total de l’entreprise. La moitié ! Pour répondre à la demande grandissante pour ses incontournables glaces, il y a désormais 25 personnes à chaque endroit qui se relaient pour faire rouler le bar laitier à plein régime du printemps à l’automne.
Et pendant la saison touristique, il n’y a pas que les Montréalais.es qui en profitent. « On a beaucoup, beaucoup de clients américains, indique Anabelle. Puis, fait intéressant, dans le Mile-End [sur Laurier], on vend deux fois plus de crème glacée dure pour plaire aux Français, touristes ou résidents du plateau, que sur Bélanger. » Comme quoi, le côté iconoclaste d’Iconoglace ne bouscule pas toutes les traditions. Une chose est sûre, il rend ce grand plaisir de l’été encore plus jouissif pour tous. Ses adeptes seront d’ailleurs heureux d’apprendre qu’une troisième adresse est prévue pour le printemps 2026 !
Écrit par Catherine Lefebvre
Photographié par Alison Slattery