L’appel de Wakefield: rencontre avec l’artiste Nathalie Coutou

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Dès le début de l’entrevue, le ton est à l’honnêteté, la confidence et la générosité; discuter avec Nathalie Coutou est une ode au vivre et laisser vivre. Rencontre avec une femme qui adore son coin de pays. 

Élevée à Saint-Alexis-de-Montcalm parmi huit cents chiens de traîneaux par un père Gascon à la verve légendaire, Nathalie Coutou a fait de Wakefield, en Outaouais, sa maison permanente en 1999 alors qu’elle visitait la région. 

« J’ai entendu un cri », explique la galeriste. « Ce cri m’a immédiatement remémoré mon enfance parmi les chiens d’attelage. En fait, ce son distinct était celui du train à vapeur qui passait à ce moment dans le village de Wakefield. J’ai interprété cela comme un signe et décidé de m’installer ici. » 1

L’agriculture comme cheval de bataille

C’est en avançant dans la discussion qu’on réalise rapidement que le principal sujet d’intérêt de Nathalie Coutou, outre l’art et le dialogue, c’est la terre et ses artisans : les agriculteurs.  

« J’ai animé pendant huit ans un festival des récoltes à Wakefield », explique l’artiste. « Au départ, les agriculteurs de la région voulaient séparer les autochtones et les agriculteurs, j’ai donc créé un cercle où nous nous faisions face l’un à l’autre, d’un côté il y avait les artistes et les autochtones et de l’autre, les paysans de la région. Au cœur du cercle, j’ai mis le tambour. Nous avons ensuite dansé et il y a eu une communion entre les gens. »

L’anecdote prouve que la rencontre est possible. Ce festival de récoltes est passé à sa naissance de deux-cents participants à quinze mille à sa dernière année.

L’envie de faire connaître sa maison

Khewa, la boutique et galerie d’art de Nathalie Coutou, a ouvert ses portes en 2001. Ce mot cri signifie vent du Nord. Le chemin parcouru entre 2001 et 2024 est fabuleux pour l’art autochtone dans ce coin de pays et la galeriste est la première à en témoigner. Celle qui s’était fait conseiller de ne pas écrire « boutique d’art autochtone », mais plutôt « boutique-cadeau » par un voisin empathique a l’impression que notre époque a bien évolué sur les questions de compréhension et d’acceptation de l’autre.

« Je ne fais pas payer de prix à l’entrée pour aller espionner du folklore », explique l’artiste québécoise métissée de descendance Européenne et Mi’kmaq. « Ce que je fais avec ce lieu, c’est inviter les gens à aller se fondre dans une culture vivante et encore bien active. Cette galerie symbolise plus de la moitié de ma vie. »

Le Top 5 de Nathalie Coutou

À titre d’ambassadrice certifiée de l’Outaouais, Nathalie Coutou a à cœur le travail des agriculteurs de la région. Elle nous propose ici cinq lieux où il fait bon manger et rencontrer les gens qui travaillent la terre et la rendent meilleure.

  1. Les agriculteurs locaux : « J’ai beaucoup de mal à en choisir un seul, car les agriculteurs ce ne sont pas des personnes seules, ce sont des familles, des groupes », explique la galeriste, en verve. « Il existe énormément de fermes en Outaouais et leur travail est essentiel. Il est précieux, impératif et urgent de prendre soin de ces terres. Et si les autochtones se liguaient avec les agriculteurs pour protéger nos ressources, je pense qu’on aurait ici une belle alliance. »
  2. Nikosi Bistro Pub : « Au cœur du village, c’est l’un des seuls bistros à saveurs autochtones dans la région de la capitale du Canada. La cheffe Wapokunie Riel-Lachapelle est métisse et offre une cuisine totalement originale. Elle offre une fusion entre la France et des produits autochtones. »  
  3. Kîsisam Pâtisserie : « Une pâtisserie fine autochtone à Saint-André-Avellin avec qui nous avons commencé à créer des liens. J’amène chez eux des créations faites au Québec et eux font des produits fabuleux. »
  4. La Confiserie Wakefield, Moulin Wakefield Mill Hôtel et Spa, Café Le Hibou : « Je ne voulais pas faire de choix précis, mais sinon mettre en lumière ces commerces qui ont fait le choix de faire affaire avec le local, l’entourage et privilégier les circuits courts. »
  5. Chez soi : « Tout commence ici, je voulais aussi le dire. Quand on invite, quand on mange ensemble. Tout débute à la maison. » 

Ambassadeurs Outaouais

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1 Le train à vapeur Hull-Chelsea-Wakefield a été actif entre 1992 et 2011 et a constitué une importante attraction touristique dans la région.


Photographié par Myriam Baril-Tessier

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