Morgane Muszynski : service nouveau genre

Morgane Muszynski travaille dans le métier depuis plus de 10 ans; elle est serveuse de profession et fière de l’être. On s’entretient avec une serveuse efficace, sensible, touchante et enthousiaste sur ce qu’est le métier de serveur.

D’abord, comment Morgane Muszynski a développé un intérêt pour le service ? Morgane vient de Normandie, et son goût pour la restauration commence lorsque, à 14 ans, elle travaille en ostréiculture — Wikipédia dit : l’ostréiculture est l’élevage d’huîtres fertilisées dans des parcs, merci Wiki. À 16 ans, en Normandie, elle commence à travailler dans un bar où son patron identifie un talent particulier avec les clients. Elle quitte ses études et part pour Rennes : « je devais faire le service dans des bars à vins, mais j’y ai fait la fête plus qu’autre chose. Mes parents ont fini par me shipper à Montréal parce que je faisais trop de conneries ! » Morgane arrive à Montréal, inscrite en économie à l’Université de Montréal. « J’y suis restée 3 semaines (rires), mais pour pouvoir rester au Canada, je devais absolument aller à l’école et j’ai donc pensé à la restauration. L’ITHQ n’acceptait pas d’étudiant en milieu de session, mais le collège Lasalle oui, alors j’ai fait un DEC en gestion d’un établissement de restauration. »

Son parcours en service à Montréal — Elle est passée au restaurant Barroco, a fait l’ouverture de la Taverne Square Dominion où elle a travaillé pendant deux ans — « j’ai adoré aider à bâtir la clientèle et travailler avec tous ces gens de métier » —, est ensuite allée au Joe Beef  — « chaque fois que je passais devant le restaurant je me disais qu’un jour j’y travaillerais, et un jour, mon rêve s’est réalisé. J’y ai appris la rigueur et l’intensité; j’ai adoré mon expérience là-bas ! Le Joe Beef c’est comme une famille. L’endroit respire la passion, un peu de folie et surtout le bonheur de servir des clients » —  et elle est maintenant la reine du midi du service au restaurant Les Fillettes, où elle travaille de jour pour allier boulot et famille. Elle a fait la carte des vins de la Taverne Square Dominion, du bar Henrietta et du Balsam Inn et s’occupe de son petit bébé, qu’elle a eu avec le chef Éric Dupuis. Elle est ensuite passée au Boxermans avant de devenir la personne clé du Café Denise.

Les caractéristiques d’un bon service — Morgane explique que selon elle, le métier de serveur est exigeant; « c’est beaucoup de fun, mais aussi beaucoup d’organisation et tu ne peux pas être à moitié là; même si tu as fait la fête la veille, tu dois être à ton affaire, sinon tout ton service s’en ressent et tu fais du tort à toute l’équipe. Beaucoup trop de gens font du service parce que ça a l’air facile. Mais non. Il faut que tu sois passionné et que tu veuilles vraiment offrir un bon service, sinon ça se voit. »

Selon elle, l’efficacité, la communication, la passion et le sens de l’organisation sont essentiels pour offrir un bon service. On ajouterait la sensibilité. « Tu dois savoir t’adapter au client, comprendre ta table dès le “bonjour”; parfois c’est pour un lunch d’affaires, parfois c’est juste pour faire la conversation. En tant que serveur tu dois savoir comment intervenir, et si tu arrives à offrir à tes tables ce que tes clients voulaient, ils sont heureux. Je suis heureuse de penser que je rends des gens heureux, » le service reste un métier d’hospitalité.

Un métier d’équipe —  « Être serveur en 2015 c’est avant tout faire partie d’une équipe, d’un tout, car je ne serais rien sans mes collègues et leur travail. Ma capacité à servir ne repose pas seulement sur mes épaules mais sur celle des cuisiniers, des commis, des suiteurs, des barmans, des hôtesses et des plongeurs. Il est important de mentionner qu’un serveur qui ne pense qu’à lui n’est selon moi pas un bon serveur. C’est un métier de partage et d’échange. »

Un métier qui change — « Avant, les serveurs étaient presque des servants; il y avait un maître d’hôtel, un sommelier, un chef de rang et puis finalement des serveurs. De nos jours, c’est complètement différent, c’est un amalgame: un serveur, c’est maintenant un psychologue, un sommelier, un économiste, un acteur… Tu dois avoir des compétences en vin, acquérir de l’information sur ce qui se passe dans le monde pour pouvoir en discuter avec tes clients, connaître le menu de fond en comble, etc. C’est ça qui fait que les clients passent une belle soirée. »

Morgane raconte que dans la génération vieillissante de notre société, il est plus difficile de reconnaître le service comme un métier de profession, mais c’est en train de changer selon elle : « le service est un élément clé du succès d’un restaurant maintenant. » On est tout à fait d’accord, souhaitons une reconnaissance grandissante du milieu du service en restauration.

Merci pour l’énergie contagieuse et bonne continuation Morgane.


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