Marie-Fleur St-Pierre : la superfemme

Marie-Fleur St-Pierre est cheffe et propriétaire de deux restaurants, a écrit deux livres de cuisine, est maman de deux enfants, rédactrice d’un blogue de recettes et nouvellement épicière. Ouf. Entrevue avec Marie-Fleur St-Pierre, une femme plus qu’inspirante.

Un parcours au gré du vent

  • Marie-Fleur vient de Repentigny. Pendant sa jeunesse, elle travaille dans quelques restaurants de sa ville natale.
  • Elle fait ses études collégiales en Arts et littérature au cégep Marie-Victorin. “Je n’étais pas une bonne élève, je séchais tout le temps mes cours pour aller voir des films à la Place Versailles!”
  • Un jour, une amie lui parle d’un DEP en cuisine: “ce que j’aimais, c’était que ça semblait plus axé sur la pratique que sur les notions théoriques. En fait, c’était aussi pour moi un échappatoire qui me permettrait de déménager à Montréal.”
  • Elle est acceptée en cuisine française à l’ITHQ et a entre autres Jean-Louis Themis comme professeur; “il avait une façon d’enseigner qui était super vivante et j’ai vraiment accroché. Ça et aussi le fait que je trouvais ça tellement hot d’aller à l’école sur la rue St-Denis!”
  • Suite à son programme à l’ITHQ, elle obtient un stage au Café Ferreira. “J’avais vu ‘café’, je me disais que ça allait être relax. (rires) Mon prof m’avait juste dit que c’était de la nourriture portugaise et je trouvais ça cool, je voulais vraiment travailler là. Quand je suis arrivée au Ferreira, j’ai vite compris que ce n’était pas un café! Marino, le chef, est un des hommes qui m’a le plus montré de choses en cuisine. Il a été à côté de moi longtemps, longtemps.”
  • Elle a ensuite l’opportunité d’aller réaliser un stage en France, “c’était pas très encadré et je travaillais au Ferreira, qui pour moi était LE meilleur resto. À l’époque, je pensais que je n’avais pas besoin d’aller en France apprendre! (rires).”
  • Marie-Fleur St-Pierre travaille ensuite très peu de temps au Toqué! où elle apprend l’importance de la propreté au travail et de la rigueur en cuisine.
  • Puis, elle va aux feu Caprices de Nicolas, sur la rue Drummond où elle s’occupe de placer les assiettes avant qu’elles sortent de la cuisine pour être servies. “J’adorais ça!”
  • Un jour, elle décide que s’en est trop; elle ne veut plus travailler en restauration et retourne habiter chez sa mère.
  • Elle travaille alors dans un restaurant euro-snacks sur l’avenue Mont-Royal. “La propriétaire a regardé mon CV et m’a demandé “es-tu sûre que tu veux travailler ici?” Marie-Fleur ne reste pas très longtemps et quitte pour travailler au Barraca où elle refait le menu pour un menu axé sur les tapas.

Tapeo — À ce moment, Sébastien Muniz et Victor Afonso l’appellent pour aider leur chef au nouveau restaurant Tapeo qu’ils ouvrent tout juste. Au moment où le chef en poste quitte ses fonctions, ils lui demandent si elle veut reprendre le rôle de chef. “Seb me faisait plus confiance disons. On peut dire que c’est à ce moment que je suis devenue une ‘vraie cheffe’. J’étais une excellente garde-manger, mais pour la cuisson, je capotais. Je me mettais des timers partout; pour mes côtelettes, mon filet mignon, tout!” Elle change le menu et les spéciaux. Josée Distasio vient alors tourner son émission de télévision. “Le fameux tapas de tomates et fromage de chèvre n’est pas celui que je choisirais aujourd’hui, mais le monde m’en parle tout le temps.” Ensuite Daniel Pinard vient filmer son émission ‘Du cœur au ventre’: “c’était supposé être une émission santé et moi j’étais là avec mon huile d’olive intense pour faire mon tartare de bœuf! (rires) Je pense vraiment que ces émissions ont créé chez les gens des cravings. Ça a attiré beaucoup de monde au restaurant. Mais le Tapeo était petit, tous les jours on devait refuser des clients par manque de place. Alors on donc agrandi.”

Mesón — Ensuite, le local du Mesón s’est offert à eux. Ils voulaient prendre le local sur la même rue, mais faire un concept différent du Tapeo. Ils voulaient un restaurant plus familial, du confort food et des brunchs. “Quand j’ai commencé au Mesón, j’ai dû développer un peu d’humilité. J’étais capable de faire des tapas, mais je n’avais pas fait énormément de plats de viande dans ma vie. Je cuisine beaucoup le poisson à la maison alors ça allait, mais disons que j’ai beaucoup appris ici et j’ai beaucoup travaillé à m’améliorer.” Ça a porté fruit, c’est nous qui vous le disons.

Les bébés, les livres, le blogue

En plus de tout cela, elle a aussi mis au monde deux beaux bébés : Colette et son petit frère Rosaire, qu’elle a eu avec son amoureux Alexandre Verreault. Tu l’as rencontré où ton chum en passant? “Mon merveilleux Alex! Il était busboy au Tapeo!”

Il y a plus de dix ans, elle a aussi écrit un livre sur les tapas ‘Les Tapas de Marie-Fleur’ publié aux Éditions de l’homme et un autre livre sur les brunchs ‘Les brunchs de Marie-Fleur’, également paru avec les Éditions de l’homme’.

Pendant son congé de maternité, elle a lancé son blogue de recettes: “Ça a parti du film Julie and Julia et j’ai comme capoté ! À la base, j’adore écrire, et je savais que j’allais tomber en congé de maternité et avoir un peu rien à faire. J’ai donc voulu faire une espèce de scrapbook de recettes, d’aliments, je voulais vraiment parler au monde. Un mois avant que j’accouche, ça a vraiment pris forme. Avec Marie-Claude Marquis qui fait mes illustrations, on a fait un genre de livre de recettes en ligne avec des billets d’humeur. Le blogue, c’est comme mon côté délinquant. Au restaurant, je fais des recettes espagnoles structurées, et si j’ai envie de faire du poisson à la sauce indienne, je le mets sur le blogue. Ça a mis ma créativité à spin ça a pas d’allure! Un chou-fleur, ce n’est plus juste un chou-fleur, ça me stimule! (rires)”.

Kamouraska et l’épicerie

En avril 2021, elle se lance dans un nouveau projet avec le comédien, animateur et épicurien Christian Bégin. Marie-Fleur St-Pierre déménage donc toute sa petite famille pour s’installer à Kamouraska où elle achète et gère l’épicerie fine Le Jardin du Bedeau tout en continuant de diriger les cuisines du Tapeo et du Mesón à distance. Son apport consiste à offrir du prêt-à-manger qui mettra en vedette les producteurs locaux de la région du Bas-St-Laurent.

Comment tu fais pour faire tout ça? (rires) “Je ne sais pas, je fais une routine, je mets des compartiments dans ma vie, je me fais des listes, des deadlines. Et j’arrête le soir. J’essaie de garder un équilibre.”

“J’ai une vie remplie de petites parenthèses.”

Des parenthèses qu’on aime beaucoup.

Continue ta magie Marie-Fleur St-Pierre.


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